Du 24/09/2024 au 13/10/2024
Expo "Cambacérés, l'atout de Napoléon"
PROLONGATION JUSQU'AU 03 NOVEMBRE 2024
Du 14 septembre au 13 octobre 2024, le Musée Fabre célèbre dans son département des arts décoratifs, l'Hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espeyran, le bicentenaire de la mort de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès.
L'exposition retracera d'abord les débuts montpelliérains du conseiller à la cour des finances et son évolution au sein des milieux de pouvoir et d'influence, puis la montée à Paris avec l'élection à la Convention et les mandats nationaux : président du comité de salut public, ministre de la justice.
Avec Brumaire et la prise de pouvoir de Napoléon Bonaparte, il devient second consul, puis archichancelier de l'Empire, prince, duc de Parme... Il sera rendu hommage à son travail juridique fondateur d’une France moderne, mais aussi à sa vie fastueuse d’un homme d’État couvert d’honneurs.
> L’exposition est en partie mécénée par l’asso. d’avocats "Montpellier Ville du Droit".
> Pour cet événement, le Musée Fabre a bénéficié de prêts d’objets et du soutien financier de divers partenaires, notamment l’asso. "Montpellier Ville du Droit", l’Ordre des Avocats, la Faculté de Droit et de Science Politique de Montpellier, ainsi que la Chambre des Notaires et des partenaires privés.
TARIFS :
Plein tarif : 9€/personne
Tarif réduit et Pass Métropole : 6€/personne
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QUI ETAIT CAMBACÉRÈS ?
Jean-Jacques-Régis de Cambacérès
(1753-1824)
Magistrat, Second Consul, Archichancelier de l’Empire
Il était né à Montpellier le 18 octobre 1753 de Jean-Antoine de Cambacérès, conseiller à la cour des aides de cette ville, et de Marie-Rose Vassal, qui tous les deux appartenaient à des familles de la petite noblesse de robe. Au moment de sa naissance, son père était depuis sept mois maire de Montpellier et devait le rester jusqu’en 1778, avec une interruption entre 1756 et 1761. Administrateur compétent et gestionnaire scrupuleux des deniers de la ville, il sera victime de son intégrité : son refus d’accorder à l’intendant Saint-Priest le droit de détourner les eaux de la ville au bénéfice d’une de ses propriétés lui vaudra d’être révoqué par celui-ci et, parce qu’il avait négligé ses affaires privées pendant toute cette période, de vivre ensuite dans un grand dénuement. Régis, qui n’aimait point ce père trop intransigeant et le laissera mourir dans la gêne, n’oubliera jamais cette leçon…
Il fait de brillante humanités à Aix et apprend le droit de manière empirique, comme on le faisait alors, comme secrétaire d’un avocat, l’obtention des diplômes n’étant guère à l’époque qu’une formalité. À 19 ans, il s’installe comme avocat à Montpellier et, ayant contracté de "funeste habitudes de collège", se lie d’"amitié" avec un jeune homme de son âge, le marquis d’Aigrefeuille, fils du premier président de la cour des aides. Il fréquente aussi un homme de 15eans son ainée, le Marquis de Villevieille, qui, ayant connu Vauvenargues et Voltaire, aura sur lui une grande influence. Ces relations qui dureront presque jusqu’à leur mort, lui assurent dans l’immédiat la protection des grandes familles du parlement de Montpellier.
En 1774, son père ayant renoncé à sa charge en sa faveur, lui-même devient conseiller à la cour des aides. Il va y siéger avec beaucoup de zèle et de rigueur pendant quinze ans. Il est pauvre mais obtient en 1786 une pension royale de 1 200 livres par an. Comme tous les magistrats de la cour des aides, en conflit avec les États de Languedoc qui incarnent la tendance réactionnaire, il est cependant acquis aux idées nouvelles.
En 1789, il participe à l’élection des États généraux dans les rangs de la noblesse et est élu par celle-ci député en second au cas où la députation de la ville serait doublée. Le doublement n’a pas lieu mais la perspective d’être député a converti Cambacérès à la politique. Il prend ses distances vis-à-vis de la noblesse, se fait élire, en août 1789, membre de la commission municipale qui se met en place pour reformer l’administration de la ville ; il devient aussi président du bureau des subsistances. Mais ses idées trop avancées l’empêchent de transformer l’essai : lorsqu’en janvier 1790, est élu le corps municipal qui succède à cette commission provisoire, sa candidature n’est pas retenue. Il participe alors à la fondation du club montpelliérain des Amis de la Constitution et de l’Égalité qui se fédère au club des Jacobins et il abandonne définitivement la particule. En juin, il est difficilement élu, au troisième tour, procureur-syndic du district de Montpellier.
Sa situation de fortune s’est sensiblement améliorée : en janvier 1791, il achète discrètement, pour 50'000 livres, un château qui, transformé en couvent, était devenu un bien national. Il part pour Paris, puisque c’est là que se fait la Révolution et qu’apparemment on ne veut guère de lui en Languedoc. Mais, en son absence, le vent tourne : en novembre 1791, il est élu président du tribunal criminel de l’Hérault : il a à peine le temps de prendre ses fonctions que déjà en août 1792, il est élu à la Convention. Il y siège au centre gauche et participe sans éclat aux travaux du comité de législation.
Son attitude lors du procès de Louis XVI est ambiguë et offre selon l’expression du chancelier Pasquier "d’étrange contradictions" : peu soucieux de s’engager sur une affaire aussi grave, il commence par plaider l’incompétence de la Convention. N’ayant pas été suivi et se trouvant contraint de participer au verdict, il propose ensuite que le roi serve d’otage en cas d’invasion étrangère ; les scrutateurs le considèrent de ce fait comme ayant voté contre la mort. Mais, quand le résultat du scrutin est connu et que son vote le place dans la minorité droitière de l’assemblée, il remonte aussitôt à la tribune pour demander que l’exécution ait lieu dans les vingt-quatre heures. Plus tard, il fera valoir ses premiers votes pour se défendre d’avoir été régicide ; mais dans l’immédiat, on le tient pour tel, ce qui lui vaut d’entrer au Comité de Défense générale. À nouveau, l’affaire de la trahison de Dumouriez le prend de court : lorsque la section Poissonnière était venue, le 12 mars, demander un décret d’exception contre le général, Cambacérès, ami de Dumouriez, s’était indigné et avait même demandé que les dénonciateurs soient arrêtés : mais voilà la trahison découverte…
Cambacérès remonte à la tribune et c’est lui qui, le 1er avril dresse le plus violent réquisitoire contre Dumouriez et ses complices de la faction d’Orléans. Il est maintenant nettement aux côtés de la Montagne. Le 29 mars, il appuie la création du Tribunal Révolutionnaire, et c’est sur son rapport que la Convention décrète la mort des prêtres et ci-devants qui participeraient à des séditions lors des opérations de recrutement. Il vote, le 02 juin, la proscription des Girondins. Mais le formalisme excessif qu’il manifeste en toute occasion le fait écarter des postes de responsabilité, et quand il voit les factions de l’extrême gauche commencer à s’affronter, sa prudence innée le conduit à se faire discret. Il va se cantonner alors dans ses fonctions de président du comité de législation où il pose, pratiquement seul, les bases du nouveau droit.