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Date : 13-01-2025 20:07:14
INCENDIES A LOS ANGELES - Prix, accès à l’eau… Les pompiers du privé attisent la polémique
Le bilan s’est alourdi. Vingt-quatre personnes sont mortes dans les incendies qui ravagent la Californie depuis mardi dernier, ont annoncé dimanche 12 janvier les autorités. Les feux, toujours hors de contrôle, ont détruit plus de 12 000 bâtiments, selon les premières estimations.
Aux côtés des pompiers des agences locales et de l’État à Los Angeles, des intervenants privés circulent dans leurs camionnettes blanches, surveillant des maisons individuelles.
Ces équipes, dont les services coûtent plusieurs milliers d’euros, sont devenues un symbole d’inégalité dans la lutte contre les feux. Dès 2018 et l’incendie de Woolsey, elles ont suscité des critiques, accusées d’avoir accentué les clivages entre les classes lors de catastrophes en privilégiant les plus riches.
La polémique a connu un souffle nouveau sur les réseaux sociaux. « Quelqu’un a-t-il accès à des pompiers privés ?Je suis prêt à payer n’importe quel montant », a publié sur X un riche résident de Palisades, déclenchant une marée de commentaires haineux. De son côté, l’ancien candidat milliardaire à la mairie de L. A., Rick Caruso, a fait appel à des pompiers privés pour protéger son complexe commercial de Palisades Village, alors que le voisinage était réduit à néant.
Sur le terrain, ces interventions ne font pas non plus l’unanimité. « Lorsque nous voyons arriver des groupes de pompiers privés, nous ne les considérons pas comme un atout», a déclaré au New York Times Brian Rice, président de California Professional Firefighters, qui représente 35 000 pompiers du service public. De plus, la plupart de ces pompiers privés sont formés pour travailler dans les forêts, alors que « la lutte contre l’incendie à Los Angeles se déroule en milieu urbain ».
Pourtant, impossible d’ignorer leur rôle aux États-Unis. Environ 45 % de tous les pompiers travaillant aujourd’hui dans le pays sont employés dans le secteur privé, selon le National Wildfire Suppression Association, un organisme qui représente plus de 300 groupes privés de lutte contre l’incendie.
Installation de coupe-feu et de systèmes d’arrosage, pose de gel ignifuge… Une grande partie du travail de ces équipes est préventive. Et devant l’ampleur des récents incendies, certains propriétaires fortunés leur font directement appel pour sauver leurs habitations.
Cependant, la plupart de ces pompiers privés travaillent pour des compagnies d’assurance. En effet, des grands groupes tels que AIG, Chubb et USAA proposent des polices incluant une protection contre les incendies. Sauver une résidence à plusieurs millions de dollars des flammes permet à l’assureur d’éviter de verser une grosse somme au propriétaire. D’où le recours à des pompiers privés pour palier le manque de moyen des services de secours dépendant du service public.
Pour recruter de telles équipes, propriétaires et assureurs doivent débourser des milliers de dollars. Selon le New York Times, ce service peut coûter entre 3 000 et 10 000 dollars par jour, en fonction de l’effectif mobilisé.
À la question du prix s’ajoute celle de la disponibilité de l’eau. Dans une des villes les plus riches de Californie, État américain fortement touché par la sécheresse, cette ressource vaut de l’or. Bryan Wheelock, vice-président de Grayback Forestry, une société privée de lutte contre les incendies dans l’Oregon, se défend dans le New York Times. Selon lui, les pompiers privés transportent généralement seulement quelques centaines de litres d’eau dans leurs camions blancs. Et lorsqu’ils travaillent dans des endroits reculés, les équipes de pompiers puisent l’eau dans les étangs et les lacs avoisinants.
Quand les flammes s’invitent au milieu des zones urbaines, comme à Los Angeles, l’utilisation des bouches d’incendie publiques devient toutefois une préoccupation majeure. Aux premières heures des incendies de Los Angeles, les pompiers privés se sont tournés vers cette source d’eau pour se réapprovisionner, après avoir d’abord vidé les piscines de leurs clients. Ces bouches à incendie se sont ensuite taries, alors que les pompiers de la ville et du comté devaient eux-mêmes se ravitailler, posant la question de la gratuité de cette ressource fondamentale dans les situations d’urgence.
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