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Date : 25-05-2025 23:06:55
Conformismes, certitudes, haines ou sottise : la bêtise c'est toujours celle des autres, à la rigueur celle de l'air du temps. Comment penser cet objet toujours situé hors de soi ? Pourquoi y a-t-il de la bêtise plutôt que rien ?
Tout à fait banale et pourtant dérangeante, la bêtise suscite tour à tour l'amusement ou l'agacement, le rire jaune de la mauvaise foi et l'orgueil de celui qui est persuadé qu'on ne parle pas de lui, mais des autres… Seulement, à la bêtise personne n'échappe vraiment. Pour "nuire à la bêtise" comme l'écrivait Nietzsche, il faut donc commencer par admettre qu'elle est en chacun de nous. Voilà peut-être pourquoi il est si difficile de l'appréhender. Car au fond, qu'est-ce que la bêtise ? De la stupidité "bête et méchante" ? Une simple erreur d'aiguillage ou le revers de notre insolente certitude ? Et quel est son contraire ? L'intelligence, la culture ou bien l'humilité ? Pour tenter de décrypter cette humaine, trop humaine faiblesse, il faut le concours de toutes les sciences humaines et sociales. Les psychologues spécialistes du comportement tentent de la définir en exposant le fonctionnement des biais cognitifs, sortes de raccourcis intellectuels, qui nous empêchent de réfléchir en nous confortant dans des schémas de pensée bien définis. Les historiens quant à eux délaissent les victorieuses batailles pour comprendre comment la bêtise peut être le moteur des grands événements, pour le meilleur comme pour le pire. Les philosophes enfin, pourtant grands amoureux de la sagesse, n'hésitent pas à raisonner sur la connerie. Car après tout, à en croire Gilles Deleuze, "rien ne donne plus à penser que ce qui se passe dans la tête d’un sot."
1. Sommes-nous plus bêtes qu'avant ?
Comment mesure-t-on l'intelligence ? Est-elle uniquement indexée sur nos capacités de mémorisation ? Notre intelligence est-elle en pleine régression ? Certaines études tendent à confirmer que le QI aurait amorcé une décroissance dans plusieurs pays, dont la France. Sommes-nous par conséquent entrés dans une nouvelle forme de société : l’idiocratie ? Cette émission, qui s'appuie sur les apports des sciences cognitives, des neurosciences et de la didactique dans la compréhension de l’apprentissage, propose de répondre à ces questions.
2. La bêtise est-elle l’échec de l’intelligence ?
Sommes-nous moins intelligents en groupe ? D’où vient la sottise des gens intelligents ? Pour répondre à ces questions, cette courte émission sollicite le point de vue du psychologue Jean-François Marmion qui explique, comment, pour éviter de tomber dans la "sottise", une solution serait de prendre conscience de l’importance des biais cognitifs dans l’élaboration de notre pensée, et de tenter d'en diminuer les effets.
3. Qu'est-ce que la bêtise ?
La bêtise, tout le monde en convient, c’est ce qui est indigne d’une intelligence normale. Mais au fait, qu’est-ce qu’une intelligence normale ? En quoi, qui que nous soyons, quelle que soit notre intelligence, réelle ou supposée, nous concerne-t-elle ? Cette émission réunit la romancière Belinda Cannone et l'écrivain Denis Grozdanovitch.
4. Eloge de la bêtise
"La connerie, c’est la décontraction de l’intelligence" affirmait Serge Gainsbourg... Dans cette émission, l'écrivain Denis Grozdanovitch, auteur de Le génie de la bêtise, dénonce la stupidité de certains discours prétendument savants. Et appelle à suspendre nos jugements, à ne pas se laisser enfermer dans les dogmes et à naviguer à contre-courant du sens commun.
5. A quoi sert l'âge bête ?
Est-ce pour se prévenir contre la bêtise - et se rassurer - que l'homme lui a attribué un âge privilégié, sombrement intitulé l'âge bête ? De quoi s'agit-il au juste ? Ne s'agit-il pas plutôt du potentialité de l'esprit ? D'un recours observable à différentes époques de la vie, même si c'est à l'adolescence que sa nécessité se manifeste le plus. Le fonctionnement mental bête semble avoir une valeur universelle. Cette émission propose de porter un regard philosophique sur ce moment qui s'étire entre l'enfance et l'âge adulte et par lequel nous sommes tous passés.
6. Pourquoi y a-t-il la connerie plutôt que rien ?
Qu’est-ce que la connerie ? Comment la définir ? Protéiforme, universelle, la connerie est-elle la chose la mieux partagée du monde ? Parce qu'il est difficile de saisir ce concept plastique par une définition abstraite, prenons le problème autrement : la connerie c’est avant tout... des cons. Que faire des cons ? Sujet incontournable, toujours d’actualité, et que l'on expérimente tous les jours. Jadis sujet humoristique, aujourd'hui c'est un enjeu philosophique que cette chronique tente d'appréhender.
7. Comment écrire l'histoire de la connerie ?
Conformisme, certitudes, haines de toutes sortes, la liste est longue de ce que nous rangeons - parfois rapidement et souvent sans l'interroger - sous le label "connerie". Et s'il fallait justement commencer à construire cet objet pour le penser. La connerie est-elle indissociable de la naissance de nos civilisations ? Est-elle nécessaire à la pérennité des espèces ? Si la connerie semble repérable à toutes les époques, restait encore à écrire son histoire. Cette courte chronique rend compte des travaux de l'historien Jean-François Marmion sur le sujet.
8. Baudelaire. La poésie face à l'effroi de la bêtise
Tout le travail poétique de Baudelaire peut se lire comme une entreprise de lutte contre l'effroi que lui procurait la bêtise. Le poète voyait en elle une sorte de destin s’abattant de façon irrémédiable sur la société de son temps, et qui le terrifiait. La bêtise pour l'auteur des Fleurs du mal voyait non seulement l'abêtissement, mais aussi la bestialité, voire une sorte de malédiction satanique qui éteint la lumière de la spiritualité pour consacrer l'avènement de la matière, cette épiphanie d’un monde matérialiste où les hommes deviennent bêtes.
Dans L'Idiot, l'écrivain russe Dostoïevski (1821-1881) décrit un personnage de prince qui ne comprend rien à ce qui se passe. Mais le prince Mychkine est-il idiot parce qu’il est plus doux et meilleur que les autres ? Ou au contraire parce que sa bonté l’empêche de comprendre les autres ? Cette émission, en donnant la parole à André Marcovicz, traducteur de l'oeuvre, tente d'approcher le sens de l'idiotie chez le romancier russe.
10. Deleuze et la bêtise
"Même le dernier des crétins a fait cette expérience d'être passé à côté de quelque chose... Ce moment où l'on se dit 'Mais est-ce que je n'aurai pas passé toute ma vie à me tromper ?" déclarait Deleuze lors de l'un de ses cours à la Sorbonne. Le philosophe qui, comme Gilles Deleuze, parle de la bêtise est toujours suspect de s’en exclure. Comme si parlant des imbéciles, on ne parlait pour une fois pas de soi, comme si la bêtise faisait exception à la règle selon laquelle quoi qu’on dise, on ne parle jamais que de soi ? Cette émission qui fait dialoguer Raphaël Enthoven et le philosophe François Zourabichvili examine le thème de la bêtise à partir de l'essai Différence et répétition que Deleuze écrivit en 1968.
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