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Date : 02-07-2025 18:28:45
MARCOULE - Le niveau de sûreté nucléaire est "globalement satisfaisant" selon L’ASNR (*) :
La division territoriale de Marseille de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) a présenté ce mardi matin son bilan 2024 de l’état du niveau de sûreté nucléaire des installations de la région Sud PACA, ex-Languedoc-Roussillon et Corse. Parmi elles, on retrouve celles de Marcoule.
À commencer par le centre CEA, dont les activités sont dans la recherche et le développement sur le cycle du combustible nucléaire. Avec « des sujets transverses », présente le chef de la division de Marseille de l’ASNR Mathieu Rasson. Le premier d’entre eux est le « gros travail mené depuis plusieurs années pour évaluer l’incidence globale de la plateforme de Marcoule, à savoir les impacts sur l’environnement cumulés des différents exploitants présents sur la plateforme. Nous avons demandé au CEA de réaliser une tierce-expertise, réalisée par un organisme externe, elle nous a été remise fin 2024, et nous sommes en train de l’instruire », précise-t-il.
Autre sujet, la gestion des situations d’urgence. « Nous avons noté que l’organisation de crise restait perfectible sur certains points, notamment il s’agit de bien définir les fonctions des différents intervenants qui agiront en cas de crise », avance Mathieu Rasson, avant de se focaliser sur plusieurs installations du centre CEA.
La première est le laboratoire de recherche sur le cycle du combustible Atalante. « Son niveau de sûreté, nous le jugeons assez satisfaisant, présente-il. Nous avons légèrement dégradé notre appréciation en raison d’un incident relatif à la gestion du risque de criticité qui a eu lieu début 2024. » Le risque de criticité est le risque de déclenchement d’une réaction nucléaire en chaîne non contrôlée. L’incident en question est que « certains mouvements de matières fissiles n’ont pas été correctement préparés », précise l’ASNR, tout en rajoutant que « ces incidents n’ont pas eu d’impact ni sur les personnes ni sur l’environnement, parce que les autorisations n’ont pas été dépassées, mais ce défaut de préparation est au coeur de l’incident. » Incident classé au niveau 1 de l’échelle internationale des événements nucléaires INES, qui en compte 7. « Le CEA a immédiatement pris les décisions opérationnelles pour s’assurer de la non-aggravation et surtout du diagnostic de la situation », rajoute-il.
Autre installation, le réacteur Phénix, un ancien réacteur de recherche à neutrons rapides refroidi par du sodium, en cours de démantèlement. L’ASNR juge la sûreté nucléaire au niveau globalement satisfaisant. « À noter cependant, dans le cadre du démantèlement, une révision de l’ordre des étapes des actions de démantèlement, afin de prioriser le traitement du sodium encore présent sur l’installation », précise toutefois le chef de la division de Marseille de l’ASNR. Le traitement de ce sodium passe par la mise en service de l’installation NOAH, au sein du CEA Marcoule, dont les essais de mise en service sont en cours.
Troisième installation : DIADEM, la seule installation capable d’entreposer des déchets de moyenne activité à vie longue. Elle est en cours de construction, et l’ASNR a noté « des progrès dans la gestion de projet. »
Concernant Orano Melox, usine de fabrication de combustible pour centrales nucléaires MOX à partir de combustible usagé, « depuis plusieurs années, Orano rencontrait des difficultés dans la bonne production du combustible MOX, et ces difficultés avaient pu créer des risques de saturation d’entreposage au sein du cycle du combustible français et pouvaient créer un risque de déséquilibre de ce cycle à l’échelle nationale, rappelle Mathieu Rasson. Nous notons depuis plusieurs années que la situation de production se rétablit, ce qui stabilise le cycle du combustible, mais nous restons vigilants à la pérennisation de cette amélioration. » Son niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection est jugé par l’ASNR globalement satisfaisant.
Dernière installation : Centraco, exploitée par la filiale d’EDF Cyclife qui traite des déchets nucléaires de très faible, faible et moyenne activité. L’avis de l’ASNR est globalement satisfaisant, « néanmoins nous notons une répétition d’événements significatifs qui a eu lieu début 2024 et qui a mis au jour une lacune dans la préparation des opérations de maintenance. » Ces éléments ont aussi fait l’objet d’un avis d’incident.
Le nucléaire, c’est aussi le médical. La radioprotection dans ce domaine est jugée globalement satisfaisante par l’ASNR, qui soulève toutefois plusieurs « signaux faibles » : « des tensions sur les effectifs médicaux, une externalisation mal maîtrisée de certaines missions, notamment en imagerie, ainsi qu’une progression rapide de la téléradiologie contribuent à une complexification des organisations de soins et à une dilution des responsabilités. »
(*) Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection
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