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Date : 03-12-2024 21:07:39
ALLEMAGNE - Un ex-gardien de camp nazi centenaire bientôt jugé pour complicité de meurtre de 3馄 prisonniers ?
La justice va-t-elle rattraper un tortionnaire nazi 80 ans plus tard ? Un tribunal allemand a relancé la procédure visant un ancien gardien SS du camp nazi de Sachsenhausen, âgé de 100 ans, dont la comparution avait été refusée en raison de son état de santé. Le tribunal de Hanau devra de nouveau se prononcer sur l’ouverture ou non d’un procès, a annoncé mardi le tribunal régional supérieur de Francfort.
L’accusé est un ancien gardien SS du camp nazi de Sachsenhausen, au nord de Berlin, inculpé depuis l’été 2023 de complicité de meurtres sur plus de 3馄 prisonniers, entre 1943 et 1945, durant la Seconde Guerre mondiale.
Selon des médias allemands, l’homme s’appelle Gregor Formanek. Le parquet, qui a réclamé un procès, reproche à cet homme, jeune majeur au moment des faits, « d’avoir soutenu, en tant que membre des équipes de garde SS, la mise à mort cruelle et perfide de milliers de détenus ».
Formanek a vécu pendant des décennies dans un modeste appartement près de Francfort, sans être repéré, jusqu’à ce que des journalistes retrouvent sa trace en 2023. Des documents compromettants révélés par la presse britannique provenant des archives fédérales allemandes et des archives de la Stasi révèlent le passé exterminateur de Formanek.
Né en Roumanie d’un tailleur germanophone, Formanek s’est engagé dans la SS le 4 juillet 1943 et a fait partie du bataillon de gardes de Sachsenhausen, dans le Brandebourg. Un document de la Stasi indique de manière effrayante que Formanek « continuait à tuer des prisonniers ». Dans son CV post-Seconde Guerre mondiale, Formanek ne mentionnait pas son rôle de gardien de camp de concentration, se contentant d’indiquer qu’il avait été « appelé au service militaire en Allemagne, où j’ai passé 20 mois », raconte le Daily Mail.
Une première analyse psychiatrique de 2022, qui considérait le suspect comme « au moins partiellement apte à subir un procès », avait été contredite par une deuxième, en 2024, le jugeant inapte. En mai dernier, le tribunal de Hanau avait donc refusé d’ouvrir un procès sur la base de la plus récente expertise. Mais « les informations du rapport ne sont pas suffisantes », estime la juridiction d’appel.
Entre 1936 et 1945, le camp de Sachsenhausen a vu passer quelque 200 000 prisonniers, principalement des opposants politiques, des juifs et des homosexuels. Des dizaines de milliers d’entre eux ont péri, victimes principalement d’épuisement dû au travail forcé et aux cruelles conditions de détention.
Plusieurs procès d’anciens employés de camps nazis ont eu lieu ces dernières années en Allemagne, depuis la condamnation en 2011 de l’ancien gardien du camp d’extermination de Sobibor, John Demjanjuk, qui avait fait jurisprudence. Compte tenu du grand âge des accusés, les procès n’ont parfois pas pu se tenir pour raisons de santé ou, quand ils ont eu lieu, les condamnés sont décédés avant d’être emprisonnés, comme John Demjanjuk.
Josef Schütz, un ancien gardien de camp de concentration condamné en juin 2022 à cinq ans de prison, est décédé moins d’un an plus tard à l’âge de 102 ans alors que sa défense avait fait appel…
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