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Date : 02-11-2024 18:28:41
GUERRE A GAZA - Des soldats israéliens refusent de combattre !!
Max Kresh n’a pas hésité. Le soir du 7 octobre, il était à la frontière avec le Liban. Michael Ofer-Ziv, lui, s’installait derrière les écrans d’une salle de commande, d’où il contrôle la guerre à Gaza, tandis que Guy (prénom d’emprunt) rejoignait l’enveloppe de Gaza avant d’être posté au centre de détention de Sde Teiman.
Un an plus tard, ces trois réservistes refusent de continuer à se battre. «Nous nous sommes engagés pour défendre notre pays et sauver les otages retenus à Gaza, mais il est aujourd’hui clair que la poursuite de la guerre ne fait que retarder leur retour en plus de les mettre en danger», dénoncent-ils dans une lettre signée avec 130 autres soldats et rendue publique le 9 octobre.
Ils y expliquent conditionner leur retour à la conclusion d’un accord pour libérer les otages. Le document, le second du genre depuis le début du conflit, est le fruit d’une rare prise de distance avec une guerre que les trois réservistes rencontrés qualifient de «vengeance».
>>> Banalisation dénoncée
«Ces lettres ne nous absolvent pas, mais elles sont le minimum qu’on puisse faire», confie Guy. Témoin de l’enfer du centre de détention de Sde Teiman, où des cas de torture et d’abus contre les prisonniers gazaouis ont été rapportés, il raconte la banalisation d’une violence extrême pour laquelle personne n’est puni: «Des détenus ont été passés à tabac par des soldats. Certains en sont sortis blessés, l’un en est mort. J’ai vu des détenus amputés d'un membre à cause de menottes trop serrées. J’ai vu de la négligence médicale, des soignants qui ne donnaient pas d’antidouleurs… De la cruauté à l’état pur.»
Son passage à Sde Teiman et les images de Gaza le bouleversent: «Il ne s’agit plus seulement d’actions moralement condamnables, mais de crimes de guerre. Je ne peux pas participer à ça.»
C’est cette même atmosphère de vengeance que dénonce Michael Ofer-Ziv. Officier de contrôle, ce salarié de la tech à Tel-Aviv a vécu la guerre par écrans interposés. Depuis une salle de commande, il est chargé de gérer les combats du centre de la bande de Gaza. Les yeux rivés sur les images enregistrées par les drones, il guette mouvements et actions pour actualiser ses cartes interactives: «Je voyais les bombardements et les destructions en direct. En noir et blanc. Ça paraissait irréel, lointain. C’est en regardant les nouvelles internationales que je comprenais que ces frappes avaient des conséquences», témoigne le réserviste de 29 ans, qui dit avoir eu un déclic en décembre, après la mort de trois otages tués par un sniper israélien alors qu’ils avaient les bras en l’air et que l’un d’eux agitait un tissu blanc.
>>> Impunité des soldats :
«J’ai compris que la pression militaire mettait en danger les otages, et qu’on avait créé une réalité où tuer des personnes qui tiennent un drapeau blanc peut arriver», déplore Michael avant de détailler: «On partait simplement du principe que tout individu était armé, dans une forme de négligence par rapport aux vies palestiniennes. Ça crée donc cette situation où les soldats peuvent faire ce qu’ils veulent.» Le réserviste affirme n’avoir vu aucun document relatif aux règles d’engagement circuler.
Michael se confie peu sur ses dilemmes auprès des autres soldats. «L’opinion dominante était qu’il n’y a pas d’innocents à Gaza.» En avril, il signe la première lettre de refus. À l’époque, ils étaient 40: «Un an après le début de la guerre, il y a une forme de désillusion qui gagne du terrain.»
Max Kresh fait partie des nouveaux signataires. Secouriste dans une unité d’élite mobilisée dans la région du mont Hermon, il s’estime «trahi» par un gouvernement radical contre lequel il proteste depuis 2023. «Dès le premier jour, Netanyahou a fait du traumatisme du 7 octobre une arme. Il a encouragé un climat de vengeance et de racisme», dénonce ce longiligne étudiant en biologie qui a écrit à son commandant après la mort d’Hersh Goldberg-Polin et de cinq autres otages, probablement exécutés par le Hamas fin août: «Je lui ai dit que je ne voulais pas continuer à sacrifier ma vie pour ce gouvernement, un gouvernement qui abandonne les otages.»
Arrivé en Israël en 2014, cet Américain de 28 ans décrit l’ambiance revancharde dont il fait aussi les frais: «Certains disaient que c’était un commandement de tuer tout le monde à Gaza, même les enfants, car ils deviendraient des terroristes.» Le 12 octobre, il partage ses pensées sur Facebook: «Il est temps d’embrasser nos voisins arabes et palestiniens. […] Je ne renonce pas à la paix.» Son texte circule dans son unité. «J’ai été critiqué, ostracisé et isolé, ça a été très difficile. Le discours dominant est celui de la vengeance. Mais il était impossible pour moi de ne pas m’exprimer.»
Sommée par le gouvernement de gérer la rébellion de ses soldats, l’armée a appelé les signataires de la lettre pour leur demander de retirer leurs propos, et les congédier en cas de refus. Si des réservistes «refuzniks» ont pu être sanctionnés par le passé, c’est beaucoup moins le cas aujourd’hui, expose Max: «On a servi. On a fait notre devoir. C’est aussi ce qui donne une légitimité à notre parole.»
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