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Date : 15-12-2024 02:40:51
15 décembre 1941 : 75 OTAGES, DONT GABRIEL PERI, FUSILLES AU MONT VALERIEN
Le 15 décembre 1941, pendant l'occupation allemande, 75 otages juifs et/ou communistes sont fusillés au Mont Valérien, un ancien fort à l'ouest de Paris. Le même jour, 25 autres otages sont fusillés en province.
C'est le point d'orgue de la « politique des otages » menée par les Allemands pour tenter d'étouffer la Résistance.
>>> LE PREMIER OTAGE :
Le 23 décembre 1940, Paris se couvre d'une affiche terrifiante : « L’ingénieur Jacques Bonsergent a été condamné à mort par le tribunal militaire allemand pour acte de violence envers un membre de l’armée allemande. Il a été fusillé ce matin ».
Le jeune homme (28 ans) avait été arrêté six semaines auparavant parce qu'il avait participé à une rixe nocturne avec des soldats. Hitler s'est servi de lui pour lancer un avertissement au maréchal Pétain, qui avait révoqué dix jours plus tôt le vice-président Pierre Laval et refusé d'assister aux Invalides au retour des cendres de l'Aiglon.
Jacques Bonsergent peut être considéré comme le premier otage français mais son cas restera isolé jusqu'à l'été 1941.
>>> ATTENTATS ET REPRESSION :
Les premières exécutions massives d'otages sont intervenues après l'invasion de l'U.R.S.S. par la Wehrmacht, le 22 juin 1941, quand les communistes français décidèrent enfin de participer à la Résistance.
Cela commence le 21 août 1941 quand, dans le métro parisien, un militant communiste de 22 ans, Pierre Georges, futur « colonel Fabien », abat au hasard un militaire allemand. Les Allemands, sur ordre de Hitler, réagissent aussitôt avec la plus extrême brutalité en exécutant des dizaines d'otages extirpés des maisons d'arrêt.
Le 28 septembre 1941, ils publient une ordonnance dite « code des otages » qui fixe le prix du sang pour les attentats dont les auteurs n'auront pas été retrouvés. Ce faisant, ils mettent un terme à la précaire cohabitation pacifique entre l'armée d'occupation et le peuple français et tombent dans le piège tendu par les communistes...
Les Français, en effet, se radicalisent. D'un côté se multiplient les actes de résistance, de l'autre les dénonciations anonymes à la police française ou, pire, à la police allemande, la Gestapo.
L'exécution à Châteaubriant, en Bretagne, le 22 octobre 1941, de 27 détenus communistes va particulièrement choquer l'opinion et faire comprendre aux Allemands le caractère « contre-productif » des exécutions d'otages. Ils les suspendent illico.
Deux ans plus tard, néanmoins, le 2 octobre 1943, ils fusillent en un seul jour 50 détenus du camp de Romainville en réaction à l'assassinat de Julius Ritter, chef du service de la main-d'oeuvre.
Tandis que se rapproche la fin de la guerre et la défaite de l'Allemagne, les exécutions d'otages reprennent de façon systématique. En quelques mois, près d'un millier d'otages paient de leur vie les attentats commis contre les occupants. Le mont Valérien conserve le souvenir de nombre d'entre eux.
>>> GABRIEL PERI, COMMUNISTE DISSIDENT /
Parmi les otage fusillés au mont Valérien le 15 décembre 1941 figurait Gabriel Péri (39 ans), ancien député communiste et journaliste à L'Humanité, l'organe officiel du Parti communiste français (PCF).
Spécialiste de la politique internationale dans le quotidien communiste, Gabriel Péri dénonça très tôt le péril nazi... Mais cela n'empêcha pas Staline de conclure avec Hitler un pacte de non-agression le 23 août 1939.
Ce pacte rendit le PCF supect de collusion avec l'ennemi et lui valut d'être interdit par le gouvernement français le 26 septembre 1939, après la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne. La parution de L'Humanité fut elle-même suspendue.
Le secrétaire général du parti, Maurice Thorez, se réfugia à Moscou pour n'avoir pas à combattre dans les rangs de l'armée française. Jacques Duclos dirigea le Parti communiste clandestin en son absence.
Le 14 juin 1940, peu après l'entrée des Allemands à Paris, il demanda à la Propagandastaffel l'autorisation de reparaître. Gabriel Péri protesta alors contre cette compromission du Parti avec l'occupant, ce qui lui valut d'être écarté de la rédaction. Finalement, il fut arrêté le 18 mai 1941 par la police française, vraisemblablement dénoncé par un « camarade» communiste, voire par l'un des chefs du Parti (Jacques Duclos ?), sans que toute la lumière ait été faite sur cette arrestation.
À cette date, au printemps 1941, le vent était en train de tourner. Hitler multipliait les menaces contre la « patrie du socialisme réel », l'Union soviétique du camarade Staline. Les communistes français se préparaient à entrer en résistance, donnant raison, mais un peu tard, à Gabriel Péri.
Livré aux Allemands par Pierre Pucheu, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Vichy, Gabriel Péri apprit le 14 décembre 1941 qu'il allait être exécuté comme otage. Il écrivit dans sa dernière lettre : « Que mes compatriotes sachent que je vais mourir pour que vive la France... »
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