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Date : 19-01-2025 19:15:10
19 janvier 1794 : Les « colonnes infernales » de Turreau
Après dix mois de guerre civile en Vendée entre républicains et insurgés royalistes, les députés de la Convention et le Comité de Salut public donnent carte blanche au général Louis-Marie Turreau, le 19 janvier 1794, pour appliquer sa politique d’extermination. Elle prend la forme de « colonnes infernales », qui vont ravager le pays vendéen...
Massacre du Moulin-de-la-Reine, le 5 avril 1794, 22 femmes et enfants sont fusillés, vitrail de l'église de Montilliers (Maine-et-Loire), Jean Clamens, 1901.
>>> Une rébellion vite matée
Près d'un an plus tôt, les paysans de l'ouest de la France s'étaient soulevés contre le pouvoir révolutionnaire parisien au nom de leurs libertés religieuses et par haine de la conscription militaire.
La terrible bataille de Savenay a vu l'écrasement de la « Grande Armée Catholique et Royale » après neuf mois d'exploits et de péripéties. Au début de l'année 1794, le général en chef Henri de La Rochejaquelein a été tué au détour d'un chemin par un Bleu en embuscade. D'Elbée a été quant à lui capturé et fusillé sur la plage de Noirmoutier.
L'insurrection vendéenne semble définitivement matée. Pas assez cependant de l'avis des députés de la Convention qui ont du mal à se remettre de leurs frayeurs. On fusille 2 000 Vendéens, dont la moitié de femmes à Angers, 1 500 à Noirmoutier, 1 800 aux carrières de Gigant près de Nantes. Le représentant en mission Carrier fait noyer 4 000 personnes dans la Loire. Ce n'est pas encore assez pour certains républicains...
>>> Les « colonnes infernales »
C'est alors que le général Louis-Marie Turreau, un Normand de 37 ans, présente son plan d'extermination. Le 15 janvier 1794, il écrit aux représentants en mission : « Mon intention est de tout incendier et de ne préserver que les points nécessaires à établir nos cantonnements propres à l'anéantissement des rebelles, mais cette grande mesure doit être prescrite par vous. Je ne suis que l'agent du Corps législatif, que vous devez représenter en cette partie. Vous devez également décider sur le sort des femmes et des enfants que je rencontrerai en ce pays révolté. S'il faut les passer tous au fil de l'épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité ».
Les colonnes infernales de Louis-Marie Turreau en Vendée, 1794. Agrandissement : Massacre d'une trentaine de villageois au Carrefour-des-chats par les soldats de la colonne Bonnaire, vitrail de l'église de La Salle-de-Vihiers (Maine-et-Loire), R. Desjardins, 1931.Comme ses interlocuteurs ne paraissent pas convaincus par l'argumentation, le fougueux général écrit directement au Comité de Salut Public, à Paris : « Je le répète. je regarde comme indispensable de brûler villes, villages et métairies, si l'on veut entièrement finir l'exécrable guerre de Vendée, sans quoi je ne pourrais répondre d'anéantir cette horde de brigands. J'ai donc lieu d'espérer que vous l'approuverez. Je vous demande la grâce de me répondre par retour du courrier ».
La réponse vient enfin le 19 janvier : « Tu te plains, citoyen général, de n’avoir pas reçu du Comité une approbation formelle à tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et pures mais, éloigné du théâtre d’opération, il attend les résultats pour se prononcer : extermine les brigands jusqu’au dernier ; voilà ton devoir ».
C'est ainsi que vingt-quatre colonnes pénétrent en Vendée avec la consigne de tout brûler et de tout massacrer. Les horreurs perpétrées par ces colonnes leur vaudront dans l'Histoire le qualificatif d'infernales.
Comme Turreau l'avait prévu, la Vendée est mise à feu et à sang. Dans une seule journée, le 28 février 1794, à la suite d'une attaque par les troupes de Charette, les colonnes des généraux Cordellier-Delanoüe et Crouzat massacrent en représailles aux Lucs-sur-Boulogne 563 femmes, enfants et vieillards.
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