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Date : 11-02-2025 18:50:24
11 février 2015 : Accords de Minsk sur l'Ukraine
Les représentants des pays occidentaux ainsi que de l'Ukraine et de la Russie se retrouvent à Minsk (Biélorussie) le mercredi 11 février 2015 pour régler la crise ouverte un an plus tôt en Ukraine par la révolution Euromaidan. Il s'en était suivi une tentative de sécession dans les régions majoritairement russophones du Donbass et de la Crimée. La Russie de Vladimir Poutine s'était saisie de l'occasion pour intervenir militairement dans ces régions.
>>> Échec d'un premier cessez-le-feu
Un premier accord de cessez-le-feu, dit Minsk 1, avait été conclu à Minsk le 5 septembre 2014 entre les belligérants, à savoir les représentants de la Russie et de l'Ukraine ainsi que des républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk, sous l'égide de l'l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Mais il n'avait pas résisté à la reprise des escarmouches dans le Donbass.
Là-dessus, le samedi 7 février 2015, se tint à Munich la conférence annuelle sur la sécurité (note) dans une atmosphère tendue. La chancelière Angela Merkel tissa un rapprochement entre l'annexion de la Crimée par la Russie et l'érection du Mur de Berlin. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov fit lui-même référence au passé en rappelant le comportement antisémite des Ukrainiens occidentaux et les mauvais traitements qu'ils infligent à leur minorité hongroise... L'allusion était habile car, au sein de l'Union européenne, la Hongrie fait partie avec la Grèce du clan pro-russe qui s'oppose aux va-t-en-guerre polonais, lituaniens et suédois, tout cela au nom d'une Histoire pluriséculaire. Le ministre russe rappela aussi le droit à l'auto-détermination de la Crimée, qui vaut au moins celui du Kossovo !
Le Secrétaire d'État américain John Kerry, présent à la conférence, se dit prêt à livrer des armes à l'Ukraine. Les États-Unis étaient-ils menacés par la Russie post-soviétique ? Ou avaient-ils reçu un mandat du Ciel pour imposer l'ordre sur la planète ? Si c'était le cas, la pagaïe qu'ils ont produite au Moyen-Orient pouvait laisser craindre le pire...
Le président russe Poutine, de son côté, leva un tabou en faisant savoir qu'il n'excluait plus l'usage tactique de l'arme nucléaire en cas d'atteinte grave aux intérêts russes. Une menace propre à faire réfléchir les Occidentaux (jusqu'ici, les deux « Grands » s'en tenaient à la dissuasion, chacun s'engageant à ne jamais employer l'arme nucléaire le premier).
Minsk 2, espoir vite trahi
À Minsk, quatre jours plus tard, s'ouvrent de nouvelles négociations sous le « format Normandie », en référence à une première tentative de conciliation, le 6 juin 2014, au château de Bénouville, près de Caen (Calvados), à l’occasion des commémorations du Débarquement en Normandie. S’étaient alors retrouvées le président François Hollande, la chancelière Angela Merkel ainsi que les présidents Vladimir Poutine et Petro Porochenko.
Les négociateurs s'étaient donc retrouvés à Minsk et accordés sur un statut d'autonomie pour le Donbass russophone, avant le retrait des troupes séparatistes et pro-russes, ainsi que sur un référendum d'autodétermination en Crimée à l'horizon de quinze ans.
Ces accords avaient paru satisfaire tout le monde. Dans les faits, la cessation des hostilités allait être mise à profit par les Occidentaux et l'OTAN pour armer l'Ukraine et la mettre en état de récupérer les provinces perdues en affrontant la Russie.
Cette duplicité occidentale a été confirmée par d'étonnantes confidences d'Angela Merkel au journal Die Zeit le 7 décembre 2023.
Retirée des affaires, l'ex-chancelière déclare à cette occasion : « L'accord de Minsk était une tentative de donner du temps à l'Ukraine. Elle a également utilisé ce temps pour devenir plus forte, comme vous pouvez le voir aujourd'hui. L'Ukraine de 2014/15 n'est pas l'Ukraine d'aujourd'hui. Comme vous l'avez vu lors de la bataille de Debaltseve [ville ferroviaire du Donbass] début 2015, Poutine aurait facilement pu les envahir à l'époque. Et je doute fort que les pays de l'OTAN auraient pu faire autant qu'ils font maintenant pour aider l'Ukraine. Il était clair pour nous tous que le conflit était gelé, que le problème n'avait pas été résolu, mais cela a procuré à l'Ukraine un temps précieux. »
Les réunions « format Normandie » allaient néanmois se poursuivre jusqu'à l'avant-veille de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la huitième et dernière s'étant tenue le 10 février 2022 à Berlin.
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