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Date : 17-04-2025 21:24:27
17 avril 1797 : Les « Pâques véronaises »
Les Pâques Véronaises désignent l’insurrection générale qui éclata le lundi 17 avril 1797 (27 germinal an V) à Vérone, une ville d’environ 50 000 âmes, située à l’époque sur le territoire de la « Sérénissime » République de Venise.
Ce soulèvement populaire dura neuf jours et eut pour conséquence le massacre des Français présents dans la ville. D’où cette appellation de « Pâques Véronaises », celle-ci faisant référence aux « Vêpres Siciliennes » de 1282 durant lesquelles les Français présents en Sicile furent également massacrés et chassés de l’île.
Selon l'historien Jean Tulard, ce soulèvement aurait été suscité par un faux produit par l'occupant français, sans doute l'un des premiers coups fourrés de l'Histoire moderne. Le général Bonaparte en prend prétexte pour annexer la République de Venise, qui n’avait rien à voir avec ce drame et l’offrir à l’Autriche ! Cette injustice lui permit de boucler à Campo-Formio les négociations de paix avec Vienne…
Matthias Mauvais
Vue sur le fleuve Adige près de l'église San Giorgio à Vérone, Caspar van Wittel, 1710, collection particulière. Agrandissement : Vue de Vérone depuis le Ponte Nuovo, Bernardo Bellotto, vers 1746, Royaime-Uni, National Trust.
Le contexte de la première campagne d’Italie
Attaque du château de Cossaria, bataille de Millesimo, 13 avril 1796, Nicolas-Antoine Taunay, 1812, Château de Versailles.La République française est gouvernée par le Directoire depuis le 26 octobre 1795. Elle fait face à une première coalition européenne qui réunit la Prusse, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Autriche. Mais déjà en 1795, nombre de participants de cette coalition ont signé des traités de paix avec la France, dont la Prusse (en avril) et l'Espagne (en juillet). Ainsi, la France n'a plus pour adversaire notable que l'Autriche, en sachant que le Royaume-Uni est avant tout une puissance navale et financière.
La campagne d'Italie est confiée au jeune général Bonaparte. Il passe par les Alpes maritimes en avril 1796 et arrive dans le Piémont italien avec une armée de 45 000 hommes prête à affronter les forces piémontaises et autrichiennes alliées.
Dans les mois qui suivent, l’armée française enchaîne victoire sur victoire. Bonaparte s’illustre notamment à Lodi, Arcole et Rivoli, s'ouvrant ainsi la route de Vienne. Inquiet, François II d’Autriche choisit de négocier, ce qui donne lieu à des accords préliminaires conclus le 17 avril 1797 à Leoben.
Dans les clauses secrètes annexées au traité, Bonaparte a déjà décidé d'offrir les domaines vénitiens de la Terraferma (territoires continentaux de la « Sérénissime » situés dans le nord-est de l’Italie) à la monarchie des Habsbourg. En échange, les Habsbourg reconnaîtront l'annexion par la France des Pays-Bas autrichiens (actuelle Belgique).
Au milieu de cette guerre, la République de Venise essaye tant bien que mal de préserver sa neutralité malgré sa position géographique délicate. La Sérénissime a refusé plusieurs fois les offres d’alliances proposées par les deux belligérants mais, face aux événements, le gouvernement peine à faire respecter sa souveraineté.
Le chef de brigade Rampon défend la redoute de Monte-Legino contre les austro-sardes, près de Montenotte le 10 Avril 1796, René Théodore Berthon, 1812, Château de Versailles.
L’occupation de Vérone par les troupes françaises
Dès avril 1796, les troupes françaises ont envahi la Lombardie et occupé des villes qui dépendent tant de l’Empire d’Autriche que des États pontificaux. Bonaparte a pu s'installer en maître à Milan. Dans la nuit du 29 au 30 mai 1796, il force le passage du Mincio à la bataille de Borghetto et repousse ses ennemis vers le Tyrol. Les Vénitiens voient alors des troupes autrichiennes en déroute traverser leur territoire. L'intendant général vénitien Foscarini se plaint à Bonaparte des dégâts causés par ces opérations militaires.
Mais le général français lui rappelle qu’en 1794 la République de Venise avait donné asile au prétendant au trône de France, le comte de Provence (futur Louis XVIII), qui s’était réfugié un moment à Vérone. Il avait d’ailleurs dû quitter la ville le 21 avril 1796 suite aux protestations des représentants français.
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