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Date : 11-11-2024 21:43:54
PARIS - « Israël is Forever » :
Il est présenté comme « la mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ». Le gala « Israël is Forever », organisé par plusieurs personnalités d’extrême droite, doit se tenir ce mercredi 13 novembre à Paris, en marge d’un rassemblement pro-israélien à l’initiative du Betar, un mouvement juif international de droite.
Cet événement de soutien à Israël, pour lequel les places sont vendues 260 euros, devait accueillir cette année le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, connu pour ses positions radicales sur la colonisation en Cisjordanie. En présentiel ? Rien n’est moins sûr, et Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, a même indiqué dimanche sur BFMTV qu’il ne serait vraisemblablement pas sur place. De quoi faire redescendre la polémique autour de la tenue de l’événement d’un cran ?
Fondé en 2015 par Jacques Kupfer, l’un des dirigeants de l’Organisation sioniste mondiale (OSM), Israël is Forever, qui se présente sur son site comme « une association francophone israélienne de mobilisation sioniste », a été reprise à son décès en 2021 par sa fille Nili Kupfer-Naouri.
Cette avocate franco-israélienne est régulièrement pointée du doigt pour ses propos faisant l’apologie de crimes de guerre. « Qu’il ne reste plus rien de Gaza et qu’on [puisse] y installer une grande hityashvut, une grande réimplantation juive », a-t-elle notamment déclaré selon la Ligue des droits de l’Homme (LDH). Ou encore : « Nous ne voulons plus de voisins barbares. Nous comprenons que nous devons obtenir notre sécurité et c’est par l’émigration en masse des Arabes de Gaza et par une installation juive. »
En février 2024, l’avocate avait participé à un blocus au poste frontière de Rafah pour empêcher l’aide humanitaire destinée à la population palestinienne d’entrer à Gaza. « Il n’y a pas de population civile innocente à Gaza », avait-elle déclaré dans une vidéo publiée sur son compte Instagram, désormais privé. En mai dernier, la LDH avait déposé plainte conte l’avocate pour « apologie de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ».
L’identité de l’invité d’honneur de cette année a aussi fait grincer des dents ces derniers jours : le ministre des Finances israélien, Bezalel Smotrich, défenseur de la colonisation de la Cisjordanie occupée et hostile au cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas.
En 2023, Bezalel Smotrich avait déjà été invité à Paris par la même organisation Israël Is Forever, pour rendre hommage au fondateur de l’organisation, Jacques Kupfer. « Il n’y a pas de Palestinien, car il n’y a pas de peuple palestinien… C’est la vérité historique, c’est la vérité biblique », avait-il déclaré. La France avait dénoncé des propos « irresponsables ». Fin octobre, la diplomatie française s’était dite « choquée » par les appels à recoloniser Gaza formulés par des ministres israéliens dont Bezalel Smotrich.
Dans un communiqué commun, diffusé jeudi 7 novembre, plusieurs associations, syndicats et partis de gauche français ont dénoncé l’organisation de cet évènement et réclamé son interdiction : « Ce gala de la haine et de la honte ne doit pas avoir lieu », ont déclaré France Palestine Solidarité, le Mrap, la LDH, la FIDH, la CGT, la FSU et Solidaires.
Pour ces organisations, Bezalel Smotrich incarne « la figure du sionisme religieux le plus fanatique » mais aussi « racisme et haine ». « Aujourd’hui, comment comprendre qu’il soit autorisé à appeler à la haine, à faire l’apologie d’actes criminels sur le territoire français, ce qu’il ne manquera pas de faire, chacun le sait, à partir du moment où il sera autorisé à venir en France », peut-on lire.
Le même jour, l’association de Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJPO) - EuroPalestine avait déposé une requête auprès du tribunal administratif de Paris pour enjoindre à la préfecture de police d’interdire la tenue du gala. EuroPalestine, représentée par l’avocat Rafik Chekkat, avait argué d’un risque sérieux de trouble à l’ordre public.
La demande a été rejetée le lendemain. « Constatant que l’existence d’une menace caractérisée et imminente n’est pas établie, le juge des référés considère que les conditions ne sont pas remplies pour qu’il puisse ordonner à l’autorité investie du pouvoir de police d’interdire le gala », a écrit le tribunal administratif dans sa décision.
Le préfet de police, Laurent Nuñez, a déclaré, ce dimanche 10 novembre sur BFMTV, qu’il avait donné son accord à la tenue de ce gala, expliquant que l’évènement, qui réunit « à peine quelques centaines de personnes », « se tient chaque année ». Il a indiqué qu’il ferait en sorte que le rassemblement « se tienne dans un lieu qui ne pose pas de problème en termes de troubles à l’ordre public ».
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