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Date : 13-11-2024 20:31:46
DISPARITION - Mort du batteur Roy Haynes, maître des rythmes jazz :
Après Quincy Jones et Lou Donaldson, c’est un autre vétéran qui vient de tirer sa révérence : Roy Haynes a définitivement lâché ses baguettes, à quatre mois de fêter son centenaire. Et comme ses deux cadets, avec le natif du quartier de Roxbury à Boston (Massachusetts) disparaît un dernier témoin de la révolution du bop. Après avoir fréquenté Lester Young, Roy Haynes fut d’ailleurs aux côtés de Charlie Parker dès 1949, mais aussi de Monk, notamment dix ans plus tard dans de légendaires sessions au Five Spot new-yorkais.
Dès lors, celui qui fut un remarqué sideman auprès de Sarah Vaughan va servir tous ceux ou presque qui auront écrit de grandes pages de l’histoire du jazz : Stan Getz, Jackie McLean, Roland Kirk, Sonny Rollins, John Coltrane, pour ne citer qu’un cinq majeur du saxophone. Mais au-delà de ses qualités de partenaire au drive si particulier, Roy Haynes se sera très tôt distingué en qualité de compositeur et leader. Dès 1959, We Three, trio superlatif sur New Jazz qu’il mène à la baguette avec Paul Chambers et Phineas Newborn, donne le cap.
Avec le quartet, le trio sera l’une de ses marques de fabrique, dont témoigne un autre disque que tout amateur se doit de posséder : Now He Sings, Now He Sobs avec Chick Corea et Miroslav Vitous. En cette fin des années 1960, Roy Haynes est sur de nombreux fronts, notamment avec son Hip Ensemble, une pulsation plutôt orientée vers le groove tendance libre. Pour se convaincre de ses qualités en la matière, il faut écouter Quiet Fire, où ses mains font danser les peaux comme rarement. Sur ce titre de 1977, tout l’art de Roy Haynes se déploie en huit minutes, une science de la suspension et un sens de la relance, un art des séquences percutantes et une fréquence démultipliée sur la caisse claire, sans parler de ses quasi-silences. En clair, une maîtrise plus que parfaite du drumming, où il ajoute un feeling hors pair, sans cesse souriant, aux anges même lorsque le tempo est d’enfer.
Toutes choses qui firent de lui un recordman en termes de sessions, avoisinant les 1 500 au compteur. Et que son nom fut bien souvent cité au moment des référendums. Comme en 2006, où il est élu meilleur batteur de jazz contemporain par les lecteurs du magazine Modern Drummer. Deux ans plus tôt, le vaillant octogénaire avait enregistré un bien nommé Fountain Of Youth, avec des petits jeunes dont il aimait la présence. Cinq ans plus tard, bon pied bon œil, Roy Haynes publiera Roy-Alty, où il s’élance dans un numéro à mi-chemin entre le scat et le slam au moment de reprendre, comme au bon vieux temps de ses vingt ans, Tin Tin Deo, classieux classique du cubop. Imparable.
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