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Date : 05-02-2025 22:28:50
ROYAUME-UNI - Un espoir pour la pire tueuse de nouveaux-nés :
Pire tueuse de nouveaux-nés de l’histoire moderne du Royaume-Uni ou victime d’une monumentale erreur judiciaire? Le cas de l’infirmière Lucy Letby, condamnée en 2023, vient de rebondir avec la décision d’une commission judiciaire indépendante d’examiner l’affaire.
Lucy Letby, 35 ans, a été condamnée en août 2023, puis en 2024, à la perpétuité incompressible, une peine très rare dans le droit anglais, pour le meurtre de sept nourrissons, et des tentatives de meurtre sur sept autres dans son unité de soins intensifs de l’hôpital Countess of Chester (nord-ouest de l’Angleterre), entre 2015 et 2016.
Son premier procès, qui a duré dix mois, a suscité l’effroi au Royaume-Uni. L’accusation avait détaillé comment la jeune femme, décrite comme «froide, calculatrice, cruelle», avait injecté de l’air par intraveineuse à des nourrissons prématurés, utilisé leurs sondes naso-gastriques pour envoyer de l’air ou une surdose de lait dans leur estomac.
Si Lucy Letby a toujours clamé son innocence, la justice britannique lui a refusé à deux reprises toute possibilité de faire appel.
Mais lundi, sa défense a déposé un recours devant la Commission de révision des affaires pénales (CCRC), qui a confirmé mardi avoir été saisie. «Nous avons reçu une demande préliminaire concernant le cas de Mme Letby, et elle a commencé à être évaluée», a-t-elle indiqué, ajoutant qu’un tel examen prendra du temps vu le «volume important de preuves».
Elle a toutefois rappelé qu’il ne lui appartenait pas de «déterminer l’innocence ou la culpabilité dans une affaire (...), mais de détecter, d’enquêter et, le cas échéant, de renvoyer de possibles erreurs judiciaires aux cours d’appel».
La défense de Lucy Letby remet notamment en question les expertises présentées durant le procès, et en particulier un article scientifique sur les embolies gazeuses mortelles chez les nouveaux-nés, coécrit en 1989 par le médecin canadien Shoo Lee.
Ce dernier a présenté mardi à Londres les conclusions d’un panel de 14 experts médicaux en néonatologie qui ont réexaminé l’affaire et remettent en cause la condamnation de Lucy Letby.
Dans tous les cas, les décès ou blessures étaient dus à des causes naturelles, ou simplement à de mauvais soins médicaux», a défendu lors d’une conférence de presse le Dr Shoo Lee, désormais à la retraite.
Selon lui, la décoloration des nourrissons n’était pas une preuve suffisante pour aboutir à la conclusion d’une embolie gazeuse. Un argument qu’il a déjà tenté de faire valoir, sans succès, lors de la première tentative d’appel de l’infirmière en mai 2024.
Les experts ont aussi souligné que l’unité de soins intensifs de l’hôpital manquait d’effectifs et que certains soignants n’étaient pas suffisamment formés. Pour Mark McDonald, l’avocat de Lucy Letby, ces éléments «démolissent» les expertises médicales présentées au procès.
Ce nouveau rebondissement intervient alors que depuis plusieurs mois la presse britannique relaie des doutes d’autres experts sur les preuves de la culpabilité de l’infirmière.
Le député et ancien ministre conservateur David Davis, qui a pris fait et cause pour Lucy Letby et était présent à la conférence de presse mardi, a affirmé que les condamnations de Lucy Letby constituaient «l’une des plus grandes injustices de l’époque moderne».
Depuis septembre, une enquête publique a également lieu à Liverpool, dans le nord de l’Angleterre, pour faire la lumière sur la réaction des responsables et des médecins de l’hôpital Countess of Chester face aux premières alertes qui avaient émergé sur le comportement de l’infirmière, bien avant son arrestation. Elle doit rendre ses conclusions à l’automne.
La présidente de cette enquête, la juge Kathryn Thirwall a mis en garde contre l’«avalanche de commentaires»» remettant en cause la condamnation de Lucy Letby, dénonçant des prises de positions venant de «personnes qui n’étaient pas présentes au procès», et qui ont causé une «gigantesque détresse supplémentaire aux parents» des victimes.
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