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Date : 27-05-2025 18:24:04
IRAN - Panahi accueilli par ses soutiens à Téhéran après sa Palme d’or
Le cinéaste iranien Jafar Panahi a été accueilli par ses partisans sans être inquiété lundi à l’aéroport de Téhéran, après avoir remporté la palme d’Or du Festival de Cannes, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
Après des années pendant lesquelles il a été empêché de quitter l’Iran, réalisé des films clandestins et passé plusieurs séjours en prison, le cinéaste a obtenu samedi l’une des plus prestigieuses récompenses du cinéma mondial pour son dernier film «Un simple accident».
Alors que certains de ses soutiens craignaient des difficultés à son retour en Iran, il est arrivé sans encombre, à l’aube lundi, à l’aéroport international de Téhéran, qui porte le nom du fondateur de la révolution islamique de 1979, l’ayatollah Ruhollah Khomeini.
«Il est bien arrivé tôt ce matin à Téhéran» et «il est rentré chez lui», a déclaré à l’AFP le producteur français de cinéma Philippe Martin, qui n’a pas parlé directement au réalisateur mais a pu joindre son entourage.
«Il a même appris qu’il avait obtenu un visa pour aller à un festival à Sydney (en Australie) dans une dizaine de jours», a assuré cette source.
Jafar Panahi a été acclamé en descendant l’escalier roulant jusqu’aux tapis de récupération des bagages, selon des vidéos publiées par l’observateur des droits de l’Homme Dadban sur les réseaux sociaux.
Le cri «Femme. Vie. Liberté !», slogan du mouvement de protestation en 2022-2023 envers les autorités iraniennes, a été entendu dans une vidéo.
À sa sortie de l’aéroport, il a été salué par une dizaine de partisans, selon des vidéos publiées sur Instagram par le réalisateur iranien Mehdi Naderi et diffusées par Iran International Channel, un média en persan basé à l’étranger.» Du sang neuf dans les veines du cinéma indépendant iranien», a salué Mehdi Naderi.
Cet accueil contrastait avec la froide réaction des médias d’État iraniens et des dirigeants du pouvoir à cette première Palme d’or iranienne depuis «Le goût de la cerise», du défunt Abbas Kiarostami en 1997.
«Dans un geste de résistance contre l’oppression du régime iranien, Jafar Panahi emporte une Palme d’or qui ravive l’espoir pour tous les combattants de la liberté, partout dans le monde», a écrit sur X le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.
Téhéran a, en réponse, convoqué le chargé d’affaires français à Téhéran, dénonçant des «propos insultants et (...) allégations infondées», selon l’agence officielle iranienne Irna.
«Je ne suis pas un expert en art, mais nous pensons que les événements artistiques et l’art en général ne doivent pas être exploités (ou utilisés de manière abusive) pour poursuivre des objectifs politiques», a fait valoir lundi le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï.
Cette convocation du chargé d’affaires «a été motivée par les propos de bas niveau tenus par des partis français qui ont profité d’un événement international pour proférer des déclarations mensongères et provocatrices contre l’Iran».
Le film de Panahi raconte l’histoire de cinq Iraniens confrontant un homme qu’ils croient les avoir torturés en prison, une histoire inspirée par la propre période du cinéaste en détention.
Après avoir remporté le prix, Jafar Panahi a lancé un appel à la liberté en Iran. «Mettons de côté tous les problèmes, toutes les différences. Ce qui importe le plus en ce moment, c’est notre pays et la liberté de notre pays».
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