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Date : 26-01-2025 20:45:35
BIELORUSSIE - Réélection du dictateur Alexandre Loukachenko, pour un 7e mandat :
Triche, pressions, corruption… L’indétrônable Président, au pouvoir depuis trente ans, a sorti de nouveau le grand jeu pour s’octroyer la victoire à la présidentielle, ce dimanche 26 janvier 2025. Il a été réélu avec 87,6 % des voix, selon un sondage officiel à la sortie des urnes.
Pas sûr que son septième mandat, à 70 ans, soulève la même fronde qu’en 2020. Aussi massives qu’inédites, les mobilisations prodémocratie avaient été brutalement réprimées, avec l’aide de Moscou et l’arrestation de 30 000 manifestants. En exil, l’opposition a dénoncé « une farce » à propos de ce scrutin sans suspense.
Alexandre Loukachenko ne se lasse pas de traquer les " cafards " , cynique sobriquet dont il affuble ses opposants. Au moins 1 250 dissidents politiques croupissent toujours dans les prisons biélorusses, le plus souvent sans accès aux soins médicaux et sans contact avec leurs proches, selon les ONG de défense des droits humains. " Je suis un dictateur, j’ai du mal à comprendre la démocratie " , fanfaronnait Alexandre Loukachenko en 2022, deux ans après sa réélection truquée.
En bon autocrate, Loukachenko avait pourtant pris les devants, comme aujourd’hui, pour évincer tout vrai concurrent : arrêté dès 2019, le candidat blogueur Sergueï Tikhanovski est toujours incarcéré. Son épouse Svetlana Tikhanovskaïa, qui avait osé reprendre le flambeau, a dû s’exiler en Lituanie, comme des centaines de dissidents.
Pour les 9,2 millions de Biélorusses restés au pays, l’enfer est quotidien, témoignait le Nobel de la paix et défenseur des droits humains Alès Bialiatski, en 2020, avant d’être condamné à dix ans de prison : " Tant dans les petites villes que dans les villes régionales et la capitale, il règne une véritable terreur. "
Loukachenko n’a jamais caché son jeu. Né un an après la mort de Staline, d’un père inconnu et d’une mère fermière à Chklow (Est), le jeune diplômé d’histoire a servi plusieurs années dans l’armée avant de diriger une usine d’État de matériaux de construction. Un parfait camarade à la mode soviétique. Propulsé député, il vote d’ailleurs contre la dislocation de l’URSS, en 1991. Élu trois ans plus tard président d’une Biélorussie qui n’a pas les moyens économiques de son indépendance, il se pose en vassal du Kremlin, où Vladimir Poutine s’installe en 2000.
Le dirigeant russe peut encore compter sur lui. En 2014, Loukachenko s’est abstenu de dénoncer l’annexion russe de la péninsule ukrainienne de Crimée, avant de se poser en médiateur du conflit dans le Donbass, lors de la signature des accords de Minsk. Un médiateur ambivalent, qui rechigne depuis 2022 à envoyer ses troupes se battre contre les Ukrainiens, mais dont le pays sert de base arrière aux Russes : les armes nucléaires tactiques qu’ils y ont déployées menacent toute la région, de la Pologne aux États baltes… Un médiateur si accueillant qu’il avait reçu à bras ouverts Evgueni Prigojine, le chef de la milice russe Wagner, après sa rébellion avortée contre Poutine, en juin 2023. Deux mois avant sa mort dans un douteux crash d’avion.
Douteux, aussi, l’afflux de réfugiés à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, depuis trois ans. Sanctionné par l’Union européenne, Loukachenko est accusé d’instrumentaliser les migrants pour semer la zizanie entre les vingt-sept dirigeants de l’UE. En 2023, le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban lui a apporté son soutien : il a refusé de soutenir un rapport de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui dénonçait " la situation épouvantable des droits de l’Homme en Biélorussie ".
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