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Date : 11-02-2025 18:02:31
‘‘UNE PSYCHOSE NAISSANTE’’ - Le frère d’un terroriste du Bataclan assigné à résidence en Haute-Saône, le maire de la commune alerte
>>> Le frère de Foued Mohamed-Aggad est assigné à résidence en Haute-Saône depuis l’été dernier. Le maire de la commune où il réside demande une « rotation » de cette assignation, en vain.
Il est en attente de son expulsion du territoire. La présence de Karim Mohamed-Aggad, le frère de l’un des terroristes du Bataclan, crée l’émoi dans une ville de Haute-Saône. Fiché S, le trentenaire est assigné à résidence depuis l’été dernier à Lure, une commune de 8 000 habitants, mais son maire déplore une « psychose naissante » parmi ses citoyens et réclame une « rotation » des lieux de résidence.
Karim Mohamed-Aggad, 34 ans, est le frère de Foued Mohamed-Aggad, l’un des tueurs du Bataclan, mort lors de l’attentat du 13 novembre 2015 à Paris. « Je demande d’organiser une rotation (entre plusieurs lieux de résidence, NDLR) en attendant que l’expulsion soit validée par les pays d’accueil », appelle Éric Houlley, maire socialiste de Lure.
Karim Mohamed-Aggad avait été condamné en mai 2017 à neuf ans de prison par la cour d’appel de Paris pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », après avoir passé plusieurs mois en Syrie en 2013 et 2014, selon le quotidien régional L’Est Républicain. Après avoir purgé sa peine, il a de nouveau été condamné à six mois de prison pour le non-respect des mesures de surveillance qui lui étaient imposées.
>>> PAS DE LAISSEZ-PASSER CONSULAIRE
Il a été déchu de sa nationalité en novembre 2023 et placé au centre de rétention administrative de Metz, puis assigné à résidence à Lure fin juin 2024 par arrêté du ministre de l’Intérieur, selon le journal. De père algérien et de mère marocaine, la mesure d’éloignement le visant n’a pas abouti : ni l’Algérie ni le Maroc n’ont délivré le laissez-passer consulaire indispensable à son expulsion, selon la même source.
« Tout n’a pas été fait au niveau de l’État central (…) pour aboutir à un résultat et éviter qu’on ait cette psychose naissante », estime l’élu socialiste.
« Il faut changer les règles », a réagi auprès de l’AFP le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, en marge d’un déplacement à Strasbourg. « On doit changer les règles de droit. Je suis pour un État de droit mais l’état du droit, actuellement, est en train de nous paralyser. C’est pour ça que je plaide auprès de la Commission (européenne) pour changer la politique retour, la politique des éloignements », a-t-il ajouté.
>>> « J’ETAIS SUR QUE ÇA FINIRAIT PAR SE SAVOIR »
« J’ai été prévenu dès le début par le préfet, qui m’a demandé la plus grande discrétion, explique le maire de Lure aux Dernières nouvelles d’Alsace. J’ai respecté, mais je lui ai dit mon désaccord total avec cette mesure d’assignation à résidence, car j’étais sûr que ça finirait par se savoir et que ça inquiéterait la population. Je lui ai donc demandé d’organiser des rotations, de le changer d’endroit régulièrement pour qu’il n’ait pas le temps d’être reconnu. Je suis aussi intervenu auprès du ministère de l’Intérieur, mais il ne s’est rien passé. »
Selon Éric Houlley, qui dit s’être « heurté à l’inertie de l’État », « des inquiétudes (…) commencent à remonter depuis plusieurs semaines » à Lure en raison du profil de l’homme. « Il y a eu des alertes sur les réseaux sociaux, des salariés dans les grandes surfaces, de la CPAM qui se sont inquiétés », a-t-il ajouté, précisant que l’homme « pointe régulièrement » et « respecte son contrôle judiciaire ».
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