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Date : 28-04-2025 22:29:13
GUERRE EN UKRAINE :
ladimir Poutine a annoncé lundi un cessez-le-feu sur le front en Ukraine du 8 au 10 mai, à l’occasion des 80 ans de la victoire contre l’Allemagne nazie, tout en prévenant que Moscou répliquera «en cas de violation» par Kiev de cette trêve.
«À partir de minuit entre le 7 et le 8 mai, et jusqu’à minuit entre le 10 et le 11 mai, la partie russe annonce un cessez-le-feu», a indiqué le Kremlin dans un communiqué. «En cas de violation du cessez-le-feu par la partie ukrainienne, les forces armées russes fourniront une réponse adéquate et efficace», ajoute-t-il.
«Comment peut-on croire un tyran, un agresseur ?», s’insurge Sofia Golovko, jeune étudiante de Kiev. Comme d’autres habitants de la capitale ukrainienne interrogés par l’AFP, elle dit n’avoir aucune confiance dans le cessez-le-feu de trois jours.
L’Ukraine a appelé lundi la Russie à accepter «immédiatement» un cessez-le-feu «global» pour «au moins 30 jours», après l’annonce surprise de Vladimir Poutine . «Si la Russie veut vraiment la paix, elle doit cesser le feu immédiatement», a insisté sur X le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga. «Pourquoi attendre le 8 mai?», a-t-il interrogé, assurant que «l’Ukraine est prête à soutenir un cessez-le-feu durable et global. Et c’est ce que nous proposons constamment, pour au moins 30 jours».
La Maison-Blanche a soutenu lundi que Donald Trump souhaitait un cessez-le-feu «permanent» en Ukraine et pas seulement une trêve temporaire. «Le président a signifié clairement qu’il voulait un cessez-le-feu permanent», a déclaré Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche, lors d’un point presse. «S’il demeure optimiste qu’il puisse conclure un accord, il est également réaliste, et les deux dirigeants doivent venir à la table des négociations pour se sortir de cela», a-t-elle ajouté à propos de Donald Trump et des présidents russe et ukrainien.
Le président américain Donald Trump exhorte Kiev et Moscou à conclure un cessez-le-feu et un accord de paix, trois ans après le début d’une offensive russe ayant déjà fait des dizaines de milliers de morts civils et militaires.
D’après la présidence russe, Vladimir Poutine a pris cette décision «pour des raisons humanitaires» et à l’occasion des célébrations du 80e anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, que la Russie s’apprête à commémorer en grande pompe le 9 mai.
Le Kremlin a dit considérer que l’Ukraine «devrait suivre cet exemple». Vladimir Poutine avait déjà déclaré un bref cessez-le-feu de 30 heures les 19 et 20 avril à l’occasion de Pâques.
Les deux camps s’étaient ensuite accusés de l’avoir violé, même si une baisse de l’intensité des combats avait été ressentie dans plusieurs secteurs du front, selon des soldats ukrainiens interrogés par l’AFP.
Le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump en janvier a marqué un tournant dans le conflit. Les États-Unis, jusque-là le premier soutien de l’Ukraine, veulent tourner la page aussi vite que possible quitte, craint Kiev, à accepter des dispositions très favorables à Moscou.
Mais un accord durable semble loin tant les positions des deux pays sont opposées. La Russie maintient des conditions maximalistes concernant l’Ukraine, dont elle veut la reddition et le renoncement à rejoindre l’Otan, tout en s’assurant de pouvoir garder les territoires ukrainiens annexés.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a affirmé lundi au média brésilien «O Globo» qu’une autre condition «impérative» à la paix était la reconnaissance internationale de l’annexion russe de la Crimée et de quatre autres régions ukrainiennes. La Russie a annexé la péninsule ukrainienne de Crimée en mars 2014, ce que la communauté internationale, États-Unis compris, n’a jamais reconnu jusque-là.
En septembre 2022, quelques mois après le déclenchement de son assaut à grande échelle, elle a aussi revendiqué l’annexion de ces quatre autres régions ukrainiennes qu’elle occupe partiellement, celles de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia.
Bien que Kiev ait jusqu’à présent toujours exclu l’idée d’abandonner la Crimée, Donald Trump a estimé dimanche que la position de Volodymyr Zelensky à ce sujet pourrait changer. «Je pense que oui. La Crimée, c’était il y a 12 ans», a répondu Donald Trump, interrogé par des journalistes sur la possibilité que le chef de l’Etat ukrainien puisse «abandonner» ce territoire.
La renonciation de l’Ukraine à la Crimée est régulièrement présentée par Washington comme étant une condition pour un plan de paix avec Moscou. Celui-ci comprend également, selon des médias, un gel de la ligne de front dans les projets de l’administration américaine. La Russie occupe environ 20% du territoire ukrainien, en incluant la Crimée.
Évoquant Vladimir Poutine, le président américain a insisté dimanche : «Je veux qu’il arrête de tirer. Asseyez-vous et signez l’accord».
Son secrétaire d’État, Marco Rubio, a jugé dimanche que des progrès pourraient être rapidement accomplis, disant que cette semaine s’annonçait «cruciale».
Le Kremlin a encore répété lundi être prêt à «entamer un processus de négociations avec l’Ukraine sans condition préalable pour parvenir à une issue pacifique».
Les frappes se poursuivent par ailleurs en Ukraine. Trois personnes ont été tuées lundi dans une attaque russe contre un village de la région de Donetsk, selon les services du procureur régional.
Samedi, la Russie a affirmé avoir entièrement repris aux forces ukrainiennes sa région frontalière de Koursk, où Kiev avait lancé une offensive en août 2024, ce que l’armée ukrainienne et Volodymyr Zelensky ont tout à tour démenti, le chef de l’État assurant dimanche que les opérations «se poursuivaient» dans la zone.
La Corée du Nord a pour la première fois reconnu lundi avoir envoyé des troupes en Russie et qu’elles avaient aidé Moscou à reprendre aux Ukrainiens les zones de la région de Koursk dont ils s’étaient emparés.
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