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Date : 25-08-2024 11:59:15
Il y a 80 ans, le GARD était libéré du joug allemand
Il y a des cauchemars qui n’en finissent pas. Celui vécu par les Français lors de la Seconde Guerre mondiale a duré de 1939 à 1945. À la défaite subie en juin 1940 a succédé une douloureuse période d’Occupation par l’armée allemande. Le Gard, d’abord situé en zone libre, est occupé à partir de 1942, le 11 novembre à Nîmes, le 6 décembre à Alès et le 1ᵉʳ janvier 1943 à Anduze. La période connaît son cortège d’horreurs et 10.700 soldats de la Wehrmacht s’installent dans le Gard, dont plus de 2.158 à Nîmes. Vient alors le temps des restrictions et du marché noir.
« À une situation économique désastreuse, s’ajoute une politique collaborationniste menée par Angelo Chiappe, préfet du Gard. En 1940, le Gard a une réputation de département difficile de par la forte implantation du Front populaire et du Parti communiste français », rappellent les archives départementales du Gard dans la publication « La Libération dans le Gard ». Le préfet procède à la dissolution de 63 conseils municipaux, dont ceux d’Alès, Beaucaire, Bessèges, La Grand'Combe et Nîmes. Alors, la résistance s’organise dans les Cévennes au début de l’année 1943, avec quatre réseaux.
À Nîmes, c’est René Rascalon, un artisan plombier, qui crée le maquis dans le quartier de « L’eau bouillie ». Mais après cette longue nuit, les prémices de la Libération sont perceptibles à partir de l'été 1944 avec des actions de la Résistance qui se font plus nombreuses. De son côté, l’aviation alliée bombarde Nîmes le 27 mai. Le bilan est lourd avec 271 morts et 289 blessés. Les centaines de bombes lâchées sur la ville détruisent 443 immeubles et font plus de 5 000 sinistrés. D’autres bombardements, qui ont lieu les 6 et 22 août, touchent des ponts de la Vallée du Rhône. Pont-Saint-Esprit (15 août) et Roquemaure (18 août) sont aussi victimes des bombardements.
Dans les Cévennes, les combats sont terribles entre la milice, créée dans le Gard le 2 mars 1943, et les maquisards. Face à la Résistance, le régime de Vichy est impitoyable. À Nîmes, le 2 mars 1944, 15 otages sont pendus sous les arches de la voie ferrée. En juin, 29 résistants sont exécutés et jetés dans le puits de la mine désaffectée de Célas (commune de Mons). Malgré ces horreurs, l’Histoire est en marche. Le 6 juin, les alliés débarquent sur les plages normandes, puis en Provence le 15 août. La déroute allemande approche. Alès est libérée au matin du 21 août où les affrontements ont surtout lieu route de Montpellier et en direction de Saint-Christols-lès-Alès.
Si les Cévennes se libèrent, Nîmes souffre une dernière fois avec un troisième bombardement dans la nuit du 22 au 23 août. Le lendemain, des maquisards investissent la caserne Montcalm sans opposition. Les FTP (Francs-tireurs et partisans) installent leur poste de commandement sur le boulevard Gambetta tandis que 2 000 membres FFI (Forces françaises de l’intérieur) sont acclamés par les Nîmois. « Nous habitions route d’Alès, et le jour de la Libération, des maquisards sont venus s’installer à nos fenêtres, avec des mitraillettes pour tirer sur les Allemands qui pourraient fuir la ville. Dans la journée, j’étais dans le centre-ville avec ma mère et nous avons vu des collaborateurs qui étaient attachés aux grilles des arènes. Ils ont fini par être abattus », se souvient Jean-Claude qui avait 5 ans à l'époque.
C’est le 25 août que la cité des Antonins est enfin libérée. Le lendemain, c’est autour de Bagnols-sur-Cèze de retrouver sa liberté, sans combat puisque les Allemands ont déjà quitté la ville. Mais alors que la population fait la fête, les alliés, croyant voir un colonne allemande, bombardent le pont de la Cèze. La terrible méprise ne fait heureusement que des dégâts matériels. Un incident similaire, mais plus dramatique, a déjà eu lieu à Aigues-Vives, dans le nuit du 23 au 24 août. Les villageois sentant la Libération arriver, organisent un bal place du Temple.
Mais la fête tourne au drame puisqu’un avion (dont l’origine n’a jamais été identifiée) bombarde le village, faisant 12 morts. Dions, La Madelaine et Salinelles sont aussi bombardés par l’aviation alliée. Alors que les troupes du Général De Lattre de Tassigny défilent dans les rues de Nîmes (25 août), des combats ont encore lieu dans le Gard. Le lieu-dit « Les Barraques », sur la commune d'Euzet-les-Bains, est le théâtre d’un violent affrontement entre une colonne allemande et la 7207e compagnie FTP. Une dizaine de maquisards y perd la vie. Le sang coule à nouveau le 27 août à Saint-Just-et-Vacquières.
Les combats sont féroces et les Allemands envahissent le village pour s’y livrer à diverses exactions sur les habitants. Un massacre est évité puisque des otages parviennent à s’enfuir. Le village est libéré le 28 août par des blindés alliés venus d’Uzès. Ce jour-là, le Gard est définitivement libéré. Au lendemain du conflit, la préfecture du Gard annonce que 231 civils ont été tués par fait de guerre, 295 personnes assassinées par les Allemands, la milice et la Gestapo, 5 670 déportés ou requis au Service du travail obligatoire, dont 258 morts en déportation. Quant aux bombardements des alliés, ils ont coûté la vie à 343 civils et détruit 5 000 immeubles.
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