3655/4769
Date : 09-10-2024 10:51:43
Marseille :
À Marseille, la sidération a laissé place à l’émotion et aux questions. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, ce mardi, dans le 14e arrondissement, pour les obsèques de Nessim Ramdane, chauffeur VTC de 37 ans, froidement abattu vendredi dernier par un tueur à gages de 14 ans.
Ce père de famille "faisait l’unanimité", a expliqué Boualem Kathir, imam et directeur de la mosquée, au micro de BFMTV.
"Il s’agit d’une victime qui, ni de près ni de loin, a un quelconque lien avec le trafic de stupéfiants", a souligné le procureur.
Selon le parquet, le chauffeur VTC aurait pris en charge, en effet, le tueur comme client. Il a été abattu parce qu’il refusait de l’attendre, pendant qu’il allait exécuter son contrat.
L’affaire a relancé le débat sur le trafic de stupéfiant qui gangrène la cité phocéenne. Mais, surtout, l’âge du tueur présumé interpellé. Cet adolescent, placé en détention provisoire, fait partie des plus jeunes tueurs à gages recrutés par les gangs, selon une enquête du Parisien.
Mais il est loin d’être un cas isolé. Un mineur de 15 ans recruté par le même commanditaire présumé, un détenu de Luynes, près d’Aix-en-Provence, pour intimider un rival d’un autre gang de dealers, a d’ailleurs été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de résider dans un centre éducatif fermé loin de Marseille.
Un autre jeune de 15 ans mandaté pour cette opération d’intimidation a, lui, été tué, poignardé d’une cinquantaine de coups de couteau puis brûlé vif.
Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a pointé, dimanche, "un ultra-rajeunissement" des auteurs d’homicides en lien avec le milieu marseillais. Il y a "une perte totale de repères qui va faire que des jeunes garçons vont répondre à des annonces, pour aller ôter la vie d’autrui sans aucun remords, sans aucune réflexion".
Et le "rôle des réseaux sociaux commence à nous questionner", a observé le magistrat, soulignant, au passage, l’"amateurisme effrayant" de ces jeunes.
"Ce sont des jeunes issus en majorité des quartiers populaires, en décrochage scolaire, dont les familles sont pour beaucoup monoparentales", analyse Laëtitia Linon, figure de la lutte contre le narcotrafic marseillais, citée par La Dépêche.
"La plupart du temps, ils débutent au bas de l’échelle, souvent comme guetteurs, puis ils gravissent les échelons. Depuis quelques années, on voit aussi des filles s’impliquer dans le milieu, même si ça reste marginal", explique-t-elle.
L’embrigadement de ces jeunes commence souvent par "des choses simples". "Les gérants des réseaux remarquent les mômes fragiles et s’engouffrent dans la brèche. Ça va commencer par des “Va me chercher un sandwich”, “prends-moi des clopes au tabac”, et puis, c’est la spirale", décrypte Laëtitia Linon, qui plaide pour un renforcement de la prévention, dès l’école primaire.
|