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Date : 15-01-2025 20:09:49
PARIS - Policier poursuivi pour avoir frappé à mort un homme menotté ...
Un policier a été mis en examen le 11 janvier, soupçonné d’avoir mortellement frappé à coups de poings au visage un homme de 48 ans, qui était menotté, lors de son interpellation après une rixe en août 2023 à Paris.
Le gardien de la paix, Théo M., 28 ans désormais, est poursuivi pour violences volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner, a indiqué lundi le parquet de Paris, confirmant une information de «Libération».
Il a été placé sous contrôle judiciaire «avec interdiction d’entrer en contact avec ses co-auteurs ou complices, les témoins de l’infraction et la famille de la victime et d’exercer son activité de fonctionnaire de police sur la voie publique», a précisé le parquet.
Contacté, son avocat Me Laurent-Franck Liénard n’a pas donné suite.
Tamer M., né en Israël et Palestinien, selon «Libération», avait été interpellé par des policiers le 17 août 2023, vers 3 h 30, à proximité de la gare de l’Est après une rixe avec plusieurs personnes.
Selon l’exploitation des caméras de vidéosurveillance, il avait tenté de frapper les protagonistes de la rixe avec un tournevis. Un premier homme, non identifié, «l’avait saisi par le cou pour l’écarter brutalement», un deuxième «avait porté un coup de poing au côté gauche de Tamer M. et un troisième homme, manifestement armé lui-même d’un couteau, lui avait porté un coup au niveau des jambes».
Tamer M. avait été maitrisé par des agents de sûreté de la RATP. Il «avait été amené au sol après clef de bras de l’un des agents, selon plusieurs témoins qui n’avaient pas constaté de blessures apparentes sur sa personne», a détaillé le parquet.
À l’arrivée de la patrouille de police, «virulent», et «manifestement ivre, il avait été menotté et installé à l’arrière du véhicule de police», selon le parquet.
Le policier avait expliqué que Tamer M., assis à côté de lui, «lui avait porté un coup de tête, lui occasionnant quatre jours d’ITT» (incapacité totale de travail). Il l’avait «repoussé puis lui (avait) porté plusieurs coups de poing au visage», selon la même source.
Selon le parquet, lors de son audition, «une autre membre de l’équipage» avait soutenu que Tamer M. «s’était frappé la tête contre la portière, et avait tenté (de) porter des coups au gardien de la paix assis à côté de lui ; elle l’avait repoussé de la main».
Les deux policiers l’avaient ensuite conduit au commissariat du 10e arrondissement et, selon leurs déclarations, «Tamer M. s’était endormi et avait ronflé pendant le trajet».
Il ne s’était pas réveillé à son arrivée au poste de police et présentait «des plaies saignantes» au visage. «Il avait été conduit à l’hôpital Lariboisière, où un état de coma avait été constaté», a poursuivi le ministère public.
Son état avait empiré et il est mort une semaine plus tard, le 24 août 2023. «L’autopsie avait conclu à un «décès par traumatisme crânio-facial grave», selon le parquet.
Le parquet de Paris avait ouvert une enquête puis une information judiciaire le 31 août 2023, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Les témoins entendus dans le cadre de cette information judiciaire «ont confirmé l’absence de violences commises par les agents RATP», a précisé le parquet.
Selon «Libération», la famille ou les proches de la victime n’ont pas été retrouvés.
Plusieurs affaires de violences policières ont été révélées ces dernières années, notamment lors des manifestations des «gilets jaunes».
La mort du jeune Nahel, 17 ans, tué le 27 juin 2023 par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) avait relancé en France le débat sur les violences policières et causé plusieurs nuits de graves violences urbaines dans de nombreuses villes.
Dans un autre dossier devenu emblématique, celui de la mort de Cédric Chouviat, des juges d’instruction ont ordonné le 17 décembre que trois policiers soient jugés par le tribunal correctionnel de Paris pour homicide involontaire. Ils sont accusés d’avoir eu un «comportement non adapté, négligent et imprudent» menant à la mort du livreur, qui avait pourtant répété «J’étouffe» lors de son interpellation en janvier 2020.
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