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Date : 24-01-2025 21:40:15
ASSISES DE L'HERAULT - le procès de la mère et du beau-père d'Amandine, 13 ans, morte affamée :
L’affaire effrayante jugée depuis ce lundi 20 janvier 2025 devant la cour d’assises de l’Hérault, à Montpellier, avec un verdict prévu vendredi soir avait ému la France entière, lorsqu’elle avait été révélée en été 2020 : la mort de faim d’une adolescente âgée de 13 ans, morte affamée et assoiffée dans le huis clos familial de Montblanc, entre Béziers et Pézenas.
Le procès de l’horreur s’est ouvert ce lundi après-midi avec dans le box des accusés la maman de la victime, Amandine, Sandra Pissara qui est âgée de 54 ans et son compagnon de l’époque âgé de 49 ans, Jean-Michel Cros. Elle est poursuivie pour actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner : elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Lui, doit répondre de privation volontaire de soins ou d’aliments et de n’avoir rien fait pour sauver sa belle-fille d’une mort certaine, ce qui peut lui valoir trente ans de réclusion criminelle. Les accusés seront fixés sur leur sort, vendredi soir, après le réquisitoire de l’avocat général, les plaidoiries de la partie civile et de la défense, l’appel à la barre des nombreux témoins et experts.
Le 6 août 2020, quand on découvre Amandine beaucoup trop tard, sans vie, une adolescente chétive à l’état de santé très dégradée, puisqu’elle ne pèse que 28 kg pour 1,55 m, c’est la stupeur, l’incompréhension, la colère. Les experts qui l’examinent longuement concluent à des conséquences d’un état « cachectique », à savoir un amaigrissement extrême, associé à une septicémie et à un possible syndrome de renutrition inappropriée, ajoutent les médecins légistes de l’hôpital Lapeyronie, à Montpellier qui ont réalisé l’autopsie.
Lors de l’examen médico-légal, il ressort qu’Amandine a perdu des dents et a eu les cheveux arrachés. Sa mère, Sandrine Pissarra était placée en garde à vue rapidement, assurant qu’Amandine souffrait de troubles alimentaires, une version qui a toujours été remise en cause.
En mai 2021, la mère de l’adolescente était mise en examen et incarcérée, présumée accusée de l’avoir notamment « affamé ». Ancienne serveuse de bar, mère de huit enfants nés de trois unions, elle est jugé par ailleurs pour violences volontaires habituelles sur Amandine entre 2014 et 2020.
Depuis 2016, elle avait trouvé un nouveau concubin, qu’elle hébergeait à Montblanc, Jean-Michel Cros, « Il ne fait aucun doute qu’Amandine a enduré de la part de (sa mère) des violences destructrices et paroxystiques, dont le seul dessein a été la volonté de l’entraîner dans une agonie honteuse et humiliante« , selon l’ordonnance de renvoi devant les assises du juge d’instruction du tribunal judiciaire de Béziers.
L’enquête de gendarmerie a établi que depuis son plus jeune âge, Amandine était la souffre-douleur de sa mère, multipliant les vexations, les humiliations, les coups, la privant de nourriture, l’abreuvant de punitions d’écriture, comme le sont des « colles » à l’école, l’enfermait dans un débarras digne d’un cachot, où elle surveillait ses faits et gestes grâce à une caméra de surveillance, une webcam…
Aujourd’hui quinquagénaire, elle a assisté à la déchéance et à la mort lente de sa fille, sous les yeux de son nouveau compagnon, qui a gardé le silence. Les experts psychiatriques décrivent Sandrine Pissarra comme colérique et violente, ayant pu transposer sa haine du père d’Amandine sur le corps de sa fille.
L’instruction a révélé que les faits présumés les plus violents qui n’ont plus cessé ont éclaté en mars 2020, lors du premier confinement dû à la Covid : à cette époque et durant de longs mois, Amandine n’avait plus mis les pieds au collège. Elle était interne et quand le confinement a été mis en pieuvre en mars 2020, elle est venue vivre avec sa mère et son beau-père à Montblanc. Pendant le confinement, dans son cachot où elle était affamée et assoiffée, sa sœur de 15 ans et son frère de 11 ans vivaient tranquillement à l’étage de la maison avec la mère et le beau-père.
Sa mère et son concubin la cachait, la privait de sorties, ce qui n’avait pas éveillé l’attention et les soupçons des proches et des voisins. Qui aurait pensé qu’une adolescente de 13 ans pouvait mourir de faim, volontairement affamée par sa mère, dans les années 2000 quelque part en France ? Après le verdict, le père biologique d’Amandine qui s’attend à entendre des horreurs durant la semaine au procès tentera de récupérer son corps pour organiser une inhumation digne : depuis quatre ans, elle est enterrée dans le caveau familial de son ex-femme, ce qui est pour lui insupportable.
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