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Date : 31-01-2025 20:14:12
PORTUGAL & RESSOURCES SOUS-MARINES :
Le Parlement portugais a voté vendredi en faveur d’un moratoire interdisant l’exploitation minière des grands fonds sous-marins de ses eaux territoriales jusqu’en 2050, une décision inédite en Europe.
Plusieurs textes en ce sens, dont ceux déposés par des députés du parti au pouvoir et par l’opposition socialiste, ont été adoptés en première lecture et serviront de base à une loi qui sera ensuite soumise à un vote final.
Le Portugal est ainsi en passe de devenir «le premier pays européen à inscrire dans la loi une interdiction de cette activité tant qu’il n’y a pas davantage de données scientifiques» sur son impact sur l’environnement, a commenté auprès de l’AFP la militante écologiste Catarina Abril, de l’ONG environnementale portugaise Sciaena.
Dans un communiqué conjoint avec Sciaena, l’antenne portugaise du Fonds mondial pour la nature (WWF) et la «Sustainable Ocean Alliance» (SOA) se sont également félicitées de la décision prise par le Parlement de Lisbonne.
Une trentaine de pays, soutenus par des ONG qui dénoncent les risques posés par cette future activité sur des écosystèmes mal connus, se sont prononcés en faveur d’un moratoire sur l’exploitation minière des fonds sous-marins en haute mer mais, d’après Mme Abril, seules les îles du Pacifique des Palaos et des Fidji l’ont déjà interdite dans leurs eaux territoriales.
Avec l’archipel des Açores, situé en plein milieu de l’Atlantique Nord, le Portugal pourrait disposer d’importantes ressources minières dans les profondeurs de sa zone économique exclusive.
Les fonds marins, entre 4000 et 6000 mètres de profondeur, suscitent une convoitise de plus en plus grande car certains contiennent des métaux sous plusieurs formes, dont des nodules polymétalliques. Ces petits cailloux sont riches notamment en manganèse, cobalt ou nickel, très demandés car utilisés dans les batteries de véhicules électriques.
La communauté internationale aborde une année 2025 cruciale qui pourrait dessiner l’avenir de l’extraction minière en haute mer, alors que l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), basée en Jamaïque, négocie un «code minier» qui établira les futures règles d’exploitation des ressources du plancher océanique sous sa juridiction.
Malgré la décision prise vendredi par le Parlement portugais, les inquiétudes à Lisbonne se portent sur des projets d’exploration financés par la France, la Pologne et la Russie, de gisements situés à la limite des eaux territoriales des Açores.
La Norvège a envisagé de devenir l’un des premiers au monde à exploiter les fonds sous-marins mais, après avoir été critiqué par les scientifiques, de nombreux États et le Parlement européen, le pays nordique a finalement renoncé à délivrer cette année des permis de prospection dans ses eaux arctiques.
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