6039/6077
Date : 27-06-2025 21:58:30
PEINE CAPITALE - Le «tueur de Twitter» exécuté au Japon :
Un condamné à mort, surnommé le «tueur de Twitter», a été exécuté par pendaison vendredi au Japon, première application de la peine capitale depuis juillet 2022 dans le pays, pour celui qui avait assassiné et démembré neuf personnes rencontrées en ligne.
Takahiro Shiraishi, 34 ans, a été pendu pour avoir tué neuf personnes, dont huit femmes, après les avoir contactées via le réseau social désormais appelé X. L’homme visait les internautes qui évoquaient des projets suicidaires en ligne en leur disant qu’il pouvait les aider, et même mourir à leurs côtés.
Le ministre de la Justice, Keisuke Suzuki, a précisé vendredi, lors d’une conférence de presse à Tokyo, que les crimes de Takahiro Shiraishi, commis en 2017, incluaient notamment «vol, viol, meurtre… destruction et abandon de cadavres».
«Les neuf victimes ont été battues et étranglées, tuées, volées, puis mutilées. Des parties de leurs corps ont été dissimulées dans des boîtes, d’autres jetées dans une décharge», a expliqué Keisuke Suzuki.
Selon lui, l’assassin a agi «pour satisfaire égoïstement ses désirs sexuels et financiers», par des meurtres qui ont «profondément choqué et inquiété la société». «Après une réflexion approfondie, j’ai ordonné son exécution», a-t-il conclu.
Après les avoir attirées dans son petit appartement de Zama, dans la grande banlieue sud-ouest de Tokyo, Shiraishi avait tué ses victimes et démembré les cadavres. Le 31 octobre 2017, la police avait découvert chez lui une véritable maison des horreurs: 240 morceaux de restes humains cachés dans des glacières et des boîtes à outils, saupoudrés de litière pour chat pour tenter de masquer les odeurs de putréfaction.
Ciseaux, couteaux, une scie et divers outils de menuiserie avaient été retrouvés à son domicile. La police l’avait finalement arrêté alors qu’elle enquêtait sur la disparition inquiétante d’une jeune femme de 23 ans, dont le frère avait pu se connecter à son compte Twitter, où il avait remarqué des échanges avec un compte suspect. Lequel s’était avéré être l’un de ceux qu’utilisait Takahiro Shiraishi pour se présenter comme un «bourreau professionnel».
Il avait été condamné à mort en 2020 pour les meurtres de ses neuf victimes, âgées de 15 à 26 ans. Lors du procès, ses avocats avaient plaidé pour la perpétuité, estimant que ses victimes avaient exprimé des pensées suicidaires sur les réseaux sociaux, et avaient ainsi consenti à leur mort.
Le Tribunal n’avait pas retenu cet argument, jugeant que l’affaire a «provoqué une grande anxiété dans la société», et l’avait ainsi condamné à la peine de mort par pendaison, seule pratique utilisée au Japon pour la peine capitale. Il avait renoncé à faire appel.
«La dignité des victimes a été piétinée», avait déclaré le magistrat, ajoutant que Takahiro Shiraishi s’en était pris à des personnes «psychologiquement fragiles».
Cette affaire avait choqué le Japon, pays où le taux de criminalité est très faible, et avait également eu un fort retentissement à l’international. L’affaire du «tueur de Twitter», comme la presse nippone l’avait surnommé, avait ravivé au Japon des débats sur le contrôle des réseaux sociaux ainsi que sur le suicide et sa prévention. Le Japon a le plus fort taux de suicide parmi les pays industrialisés du G7.
|