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Date : 13-12-2024 22:48:03
FRANÇOIS BAYROU PREMIER MINISTRE – Un Himalaya de difficultés :
Il se dit devant «un Himalaya de difficultés»: après d’intenses tractations, François Bayrou a été nommé vendredi à Matignon par Emmanuel Macron, mais le plus dur débute alors que le pays reste englué dans une crise politique majeure et peine à se doter d’un budget.
Depuis la cour de Matignon, aux côtés de son prédécesseur Michel Barnier, resté trois mois en poste avant d’être renversé, François Bayrou l’a assuré: «Nul plus que moi ne connaît la difficulté de la situation».
>>> LA DETTE ET LES DEFICITS D'ABORD :
Au cours de ses 10 minutes d’allocution lors de la traditionnelle passation de pouvoir, le patron du MoDem a répété ses mantras. La dette et les déficits d’abord, qu’il avait placés au cœur de sa campagne présidentielle en 2007, «une question qui pose un problème moral, pas un problème financier seulement», a-t-il dit, alors que la France a atteint des records en la matière en 2024.
Autres promesses, s’attaquer au «mur de verre qui s’est construit entre les citoyens et le pouvoir», et surtout «rendre des chances à ceux qui n’en ont pas». «Un devoir sacré», a lancé M. Bayrou, rappelant qu’il s’agissait là d’une promesse originelle d’Emmanuel Macron, en 2017.
>>> UNE ALLIANCE QUI AURAIT PU VOLER EN ECLAT :
Un temps où les deux hommes venaient de sceller leur alliance. Celle-ci aurait pu voler en éclats vendredi tant la nomination de M. Bayrou a tardé alors que les coulisses bruissaient de rumeurs contradictoires.
La décision n’a été finalement acquise qu’au prix d’un bras de fer joué en deux temps vendredi matin. D’abord un entretien de près de deux heures, durant lequel M. Macron aurait d’abord signifié à son plus ancien allié son intention de nommer le ministre des Armées Sébastien Lecornu, selon plusieurs sources au sein du camp présidentiel. Colère de M. Bayrou, menaces de rupture, quitte à «brûler les vaisseaux», selon une fidèle du chef de l’État, et revirement de M. Macron qui a officialisé sa décision à la mi-journée.
À 73 ans, comme son prédécesseur Michel Barnier renversé le 4 décembre par l’Assemblée nationale lors d’une censure inédite depuis 1962, M. Bayrou devient le sixième locataire de Matignon depuis la première élection d’Emmanuel Macron en 2017.
Il doit maintenant s’atteler sans tarder à la composition de son gouvernement, qu’il veut compact et dominé par des personnalités d’expérience.
Car une tâche redoutable attend rue de Varenne le maire de Pau. Avec pour priorité le budget pour 2025, laissé en suspens par la censure.
En attendant, un projet consensuel de loi spéciale permettant d’éviter une paralysie de l’État sera examiné lundi par l’Assemblée nationale.
Cette nomination intervient trois jours après une réunion inédite des dirigeants des partis, hors Rassemblement national et La France insoumise, sous l’égide du chef de l’État.
Où se sont esquissés les contours d’un «accord de coopération démocratique», selon la formule de M. Bayrou mardi: le gouvernement s’engagerait à ne pas recourir au 49.3 pour imposer ses lois, les opposants à ne pas le censurer, Emmanuel Macron évoquant de son côté son intention de ne pas dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale.
>>> «GOUVERNEMENT D’INTERET GENERAL»
Le nouveau Premier ministre, qui «s’est imposé» comme «le plus consensuel», «aura pour mission de dialoguer» avec ces mêmes partis, des communistes à la droite, «afin de trouver les conditions de la stabilité et de l’action», a déclaré l’entourage du président. Ce dernier l’a chargé de former un «gouvernement d’intérêt général», «resserré».
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