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Date : 14-02-2025 18:47:57
DERAPAGE DU DEFICIT - "On s'est trompé sur tout", estime Pierre Moscovici :
>>> Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat, Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a regretté les nombreuses erreurs de prévisions du déficit et propose des solutions pour éviter les mêmes problèmes à l'avenir.
Initialement prévu à 4,4 % du Produit intérieur brut (PIB) à l'automne 2023, le déficit public devrait finalement s'établir à 6,1 %, un chiffre qui sera confirmé fin mars, largement au-dessus des 3 % tolérés par Bruxelles.
"Certaines mauvaises surprises étaient difficiles à prévoir. Incontestablement [...]. Mais il est impossible, je répète, impossible de prétendre en toute conscience que personne ne connaissait la fragilité répétée des prévisions pendant cette période", a estimé Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et président du Haut Conseil des finances publiques, devant les députés de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, mardi 21 janvier.
Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat, Pierre Moscovici, estime que l'on s'est "trompé sur tout en 2023 et 2024. On s'est trompé sur les prévisions macroéconomiques, on s'est trompé sur les prévisions de dépenses, on s'est trompé sur les prévisions de recettes", énumère-t-il.
Pour autant, il refuse d'attaquer une certaine "insincérité" de Bruno Le Maire, alors ministre de l'Économie. "Il n'y a pas eu volonté de tromper", estime-t-il, interrogé sur ses récentes critiques à son encontre, qu'il dit dues "à la qualité des prévisions", poursuit Pierre Moscovici.
Cependant, il regrette que la série d'alertes circonstanciées et précises donnée à chacun des rapports du Haut Conseil des Finances Publiques n'ait pas été écoutée. "Ce que j'ai voulu montrer, c'est que nous avions donné une série d'alertes circonstanciées, précises, à chacun de nos rapports, à chacun de nos avis, qui n'ont pas été écoutés. Nous les faisons. Et après, on dit qu'ils ne sont pas assez forts parce que le gouvernement ne les suit pas."
"C'est pour ça que je fais une proposition très précise : c'est en quelque sorte de soustraire la validation des prévisions macroéconomiques et des finances publiques uniquement à l'administration et aux politiques et de les faire valider en lien avec une institution indépendante qui serait ce Conseil des Finances Publiques", développe le premier président de la Cour des comptes.
Pour lui, il n'existe que deux solutions : "Soit on transfère les prévisions au Conseil des Finances Publiques. Soit, on demande au Conseil des Finances Publiques de valider les prévisions préparées par l'administration et donc d'éviter ce biais qui peut être, effectivement, un biais d'optimisme."
Pierre Moscovici affirme que le plus important est d'avoir "des prévisions réalistes qui soient établies de manière sereine avec un tiers de confiance et de manière indépendante". Il critique notamment "un système qui pousse toujours vers le haut", résultant par un "biais systématique de volontarisme et d'optimisme". "Et après, on a toujours des mauvaises surprises. Les mauvaises surprises, ce sont les Français qui les payent à travers le déficit et la façon de le financer", conclut-il.
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