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Date : 04-06-2025 22:40:26
UKRAINE-RUSSIE - Des négociations toujours plus au fond de l'impasse :
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié mercredi d’«ultimatums» inacceptables les conditions maximalistes posées par la Russie pour mettre fin à l’invasion de l’Ukraine, signe de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations.
Son homologue russe Vladimir Poutine a quant à lui accusé l’Ukraine d’avoir cherché à saborder les pourparlers de paix en commanditant des attaques «terroristes» qui ont provoqué le week-end dernier des déraillements de trains meurtriers.
Face à cette situation, M. Zelensky a appelé à organiser une rencontre avec M. Poutine et le président américain, Donald Trump, estimant que poursuivre les pourparlers d’Istanbul dans le format actuel n’aurait «pas de sens», après deux récents cycles peu fructueux.
Au cours de la deuxième réunion bilatérale, sous médiation turque lundi, la délégation russe a remis à Kiev une liste de demandes. Elle comprend notamment le retrait de ses forces de quatre régions dont Moscou revendique l’annexion, la renonciation de l’Ukraine à intégrer l’Otan et la limitation de la taille de son armée.
«C’est un ultimatum que la partie russe nous adresse», a dénoncé Volodymyr Zelensky mercredi pendant une conférence de presse.
Tandis que son armée est en difficulté sur le front, le chef de l’État ukrainien, de concert avec ses alliés européens, réclame depuis des semaines un cessez-le-feu inconditionnel, que refuse la Russie.
Le Kremlin considère en effet qu’une telle initiative permettrait aux Ukrainiens de se réarmer avec l’aide des Occidentaux et insiste pour que soient traitées les «causes profondes» du conflit. Il veut ainsi l’obtention d'«accords» préalables avant tout sommet Poutine-Zelensky.
Dans ce contexte, Vladimir Poutine a accusé mercredi l’Ukraine d’avoir été à l’origine des explosions ayant fait dérailler trois trains le week-end dernier, dans deux régions russes frontalières.
«Tous les crimes commis à l’encontre de civils (...) à la veille d’une nouvelle séance de pourparlers de paix que nous avions proposée à Istanbul visent à perturber le processus de négociation», a martelé M. Poutine, qui réagissait pour la première fois à ces attaques.
Il a rejeté la proposition de pourparlers à un haut niveau avec les Ukrainiens : «Qui mène des négociations avec ceux qui misent sur le terrorisme?», a-t-il déclaré, tout en refusant un cessez-le-feu global et inconditionnel sur le front.
«Pourquoi les récompenser en leur accordant une trêve dans les combats, qui sera utilisée pour fournir au régime des armements occidentaux, poursuivre leur mobilisation forcée et préparer d’autres attentats terroristes», a demandé M. Poutine.
Ce refus d’une cessation globale des hostilités frustre Kiev, qui y voit la volonté de Moscou de gagner du temps, l’armée russe avançant dans certains secteurs.
Mercredi, Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de ne mener ces pourparlers que pour plaire à Donald Trump. Le chef de cabinet de M. Zelensky a ainsi martelé mercredi à l’occasion d’une rencontre avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio que des «sanctions supplémentaires» étaient «nécessaires».
Les envoyés russes ont proposé lundi, au cours des négociations à Istanbul, une trêve partielle de deux à trois jours sur certaines parties du front pour récupérer les corps de soldats tués, puis affirmé mercredi que Kiev avait décliné cette offre.
Contrairement à M. Zelensky, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a quant à lui insisté mercredi sur le fait que les discussions d’Istanbul étaient «importantes» et «utiles» et avaient conduit à des «résultats concrets».
Russes et Ukrainiens doivent ainsi procéder ce week-end à un nouvel échange de 500 prisonniers de guerre de chaque camp, après un précédent de 1000 personnes de chaque côté en mai. Kiev et Moscou ont en outre convenu de remettre les corps de milliers de militaires tués.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a de son côté souligné que Moscou avait fait preuve de «retenue» en se gardant de répondre aux attaques ukrainiennes juste avant les négociations.
L’Ukraine avait lancé le week-end dernier une attaque audacieuse de drones sur plusieurs aérodromes russes, détruisant ou endommageant de nombreux avions militaires.
Les Ukrainiens ont par ailleurs attaqué mardi à l’explosif le pont de Crimée, un gigantesque ouvrage qui relie à la Russie cette péninsule annexée. Le Kremlin a affirmé mercredi que l’attaque, la troisième depuis 2022 contre ce pont, n’avait pas engendré de dégâts.
Washington a de son côté estimé, par la voix du général Keith Kellogg, que l’attaque ukrainienne du week-end contre les aérodromes russes augmentait «considérablement les niveaux de risque» d’escalade.
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