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Date : 01-10-2024 08:36:51
LE RITUEL
J'ai pris le temps d'aimer tes paysages
Parfois quelques collines, et une large plaine
La route m'entraînant, fluide, soleil et nuages
Le temps de m'habituer, et ta ville, soudaine...
Et l'ombre descendait, gommant des lueurs orange
Cette rue que je suis, pavée de diamants d'eau
Comme le canal gelé d'une Venise étrange
Où un courant secret guiderait mon bateau...
Le soleil n'était plus, et la nuit pas encore
A cette heure en suspens dite entre chien-et-loup
Où les cris de la nuit deviennent moins sonores
Dernier rai de lumière, et le noir, tout-à-coup...
Il reste quelques marches, il n'y a qu'une porte
Une qui s'ouvrira, que je vais reconnaître
Sans l'avoir jamais vue - rien de cela m'importe
Je vais avec mon âme là où tu vas apparaître...
Nos premiers mots alors ne seront que silences
Ce qui parle en ce cas, c'est le cœur, pas les lèvres
Faire un quelconque geste serait aussi irrévérence
Ce qui remue en nous, c'est notre sang en fièvre...
Nous resterons ainsi le temps d'une seconde
Suspendus à nos rêves, instants d'éternité
Plus de notion de rien, juste à l’œuvre une sonde
Nos yeux au fond des autres, cherchant la vérité...
Et y trouvant la nôtre, et la reconnaissant
S'illuminant alors, comme l'aube offre à la terre
Le ciel, et le ciel à la terre, échange étourdissant
Et y trouvant la vie, l'âme qui se desserre...
Et laisse découvrir enfin le reste du chemin
Réunissant nos pas jusqu'alors solitaires
Et cette histoire étant sur aucun parchemin
Il nous faudra l'écrire entière, c'est élémentaire...
Donne les premiers mots: tu es le bienvenu
Me viennent les seconds: heureux de te connaître
Le reste de cette histoire m'est encore inconnu
Tu m'as aidé déjà, que je la fasse naître...
Enfant de nos désirs, et création d'amour
En ce sens que la vie convainc toujours la mort
Qu'elle est, et reste belle, et cela sans détours
Puisqu'elle unit les êtres, et les rend donc plus forts...
Puisque faire un enfant, c'est accepter la mort
Rituel sans bourreau, rituel sans victime.
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