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Date : 08-10-2024 07:44:01
LES ECUREUILS
La nuit a déjà depuis longtemps recouvert la ville d’un voile léger d’ardoise et d’ambre.
Pas un bruit… les arbres se reposent du vent méchant, dans la petite maison endormie
Elle sommeille, lovée comme une enfant au creux de son lit, la douceur de la chambre
Aux fraîches couleurs pastel, sabrées du rouge vif de coquelicots, en parfaite alchimie.
La nuit… il est venu la retrouver au soir, presque apeuré, et le cœur comme en miettes.
Auprès d’elle, la main posée sur son ventre soulevé doucement par son souffle apaisé,
Il écoute le silence, les battements de leurs cœurs, et sent vibrer les multiples facettes
Rares de la vie, amours fragiles, bonheur, ce bonheur qu’on espère, parfois si malaisé.
La nuit… maintenant les voilà réunis dans le repos, cœurs au ralenti et âmes paisibles.
Au soir, ils ont parlé de tout, de rien, ri, et à l’instant encore, serrés comme des chiots,
Se sont murmuré des mots tendres, la peur s’est enfuie, qu’on dit pourtant incoercible,
Et quelque chose s’est passé qui ressemble à rien que l’on connaisse, mystères idiots.
La nuit… elle, elle est partie dans les songes, les rêves, lui ne dort pas encore, il veille.
Et soudain, elle s’agite, se tourne, grognonne un: tu dors?, et vient tâtonnant déposer
Sur ses lèvres un baiser, deux, trois, de ces baisers sucrés au goût de miel d’abeilles,
Alors il passe un doigt léger sur sa joue, et lui rend, et puis les corps vont s’embraser…
La nuit… elle gémit, se cambre, s’offre à ses caresses, lui rend, et entre dans le plaisir.
En des gestes éperdus il lui pétrit les seins, baise son ventre, s’arrime au corps tendu
De la belle, les doigts glissent en son sexe, elle crie, il dit: oui, je veux, oui, viens jouir,
Elle secoue la tête, crie, et vient l’instant de la jouissance, et d’un flot de sève attendu.
La nuit… ils sont bien, elle a repris ses sens et vient le chevaucher, et au-dessus de lui,
Elle prend son membre durci et l’introduit en elle, et se donne pleinement, magnifique,
Cuisses tendues, regard au ciel, et il s’agrippe aux seins, et il s’enfonce et dit: oui! oui!
Doucement, et vient encore l’instant de la jouissance, de sa semence en elle, magique.
La nuit… elle dit: il est 2 heures 30, et on rit, on se regarde intensément, d’un air effaré.
Et serrés encore l’un contre l’autre, souffles mêlés, apaisés, dans la maison endormie,
Mots furtifs, à se sentir en totale plénitude, perdus et retrouvés, se sentir désemparés,
Tenter de dire l‘indicible: comment est-ce possible, qu’est-ce d’autre sinon l’harmonie?
La nuit s’estompe… le jour arrive, pâle, elle ouvre le volet, laisse entrer dans la maison
La lumière, et ce paysage, et le muret, et le petit chemin, et au-delà les grands arbres.
Elle dit: tu vas voir, il y a des écureuils, l’embrasse et s’en va faire le café, elle a raison,
J’en aperçois un, dans les branches. Je pense à elle, à son corps de reine, de marbre,
L’écureuil est parti, je pense: voilà deux amants pour qui ce jour sera l’aube première…
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