564/1366
Date : 09-09-2024 16:50:15
Abdelmadjid Tebboune largement réélu président de l'Algérie :
Un score record... A l'issue d'un scrutin marqué par une désaffection persistante de l'électorat, le président algérien sortant Abdelmadjid Tebboune a été réélu pour un deuxième mandat, selon des résultats préliminaires publiés dimanche.
Le président de l'autorité électorale (Anie), Mohamed Charfi, a annoncé une victoire d'Abdelmadjid Tebboune avec «94,65% des voix» et «5,32 millions de suffrages» sur «5,63 millions de voix» pour les trois candidats, sans donner le nombre de bulletins nuls ni fournir de nouveaux chiffres sur la participation, estimée la veille à «un taux moyen de 48%».
Lire aussi: Médiocre participation en Algérie pour l’élection présidentielle
L'affluence aux urnes était le véritable enjeu du vote de samedi, Abdelmadjid Tebboune voulant être «un président normal, pas un président mal élu» comme il y a cinq ans, a déclaré à l'AFP Hasni Abidi, analyste et directeur du Centre d'études Cermam à Genève.
En décembre 2019, Abdelmadjid Tebboune, 78 ans, avait remporté la présidentielle avec 58% des suffrages mais une participation de seulement 39,83% (60% d'abstention). A l'époque, l'élection s'était déroulée dans le contexte tendu du Hirak, le mouvement massif prodémocratie qui venait de chasser du pouvoir son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika.
Face au chef d'Etat sortant, seuls deux candidats étaient en lice: le chef du parti islamiste modéré MSP, Abdelaali Hassani, 57 ans, qui s'est adjugé 3,17% des voix, et Youcef Aouchiche, 41 ans, à la tête du Front des forces socialistes (FFS, plus vieux parti d'opposition) qui a obtenu 2,16%.
Dans une démarche inédite, les équipes de campagne des trois candidats dont celle d'Abdelmadjid Tebboune ont dénoncé dans un communiqué commun, peu avant minuit, «des irrégularités et contradictions dans les résultats annoncés par l'Anie», disant vouloir «informer l'opinion publique du flou et des contradictions des chiffres de participation».
Peu avant, Ahmed Sadouk, directeur de campagne d'Abdelaali Hassani, avait qualifié ces chiffres de «mascarade», questionnant le calcul par l'Anie d'une moyenne entre les taux de chaque région alors que le taux de participation est calculé en divisant le nombre d'électeurs par le nombre d'inscrits (24,5 millions au total).
Les trois candidats ont mentionné aussi «une erreur dans l'annonce des pourcentages pour chaque candidat» et des «données contradictoires avec les procès-verbaux de dépouillement des voix» remis à l'Anie par les commissions électorales locales.
«Une victoire aux allures d'alerte»
Abdelmadjid Tebboune était donné grand favori du scrutin, bénéficiant de l'appui de quatre formations majeures, notamment le Front de libération nationale (FLN, ex-parti unique).
Pour Hasni Abidi, le score record d'Abdelmadjid Tebboune n'est «pas une surprise au vu du profil de ses concurrents et des moyens déployés» pour sa campagne. Mais «il n'a gagné que 319 000 voix depuis 2019 et n'a fait déplacer qu'un peu plus de 5 millions d'électeurs sur 24 millions d'inscrits, soit moins d'un quart. Un échec qui exige une refonte en profondeur de sa politique», a-t-il déclaré dimanche à l'AFP.
«C'est une victoire aux allures d'alerte», faute notamment d'avoir conquis l'électorat des jeunes qui représentent plus de la moitié des 45 millions des Algériens et un tiers de l'électorat, selon Hasni Abidi. Sans révision de «sa méthode de gouvernance et sans changements dans son équipe», le «déficit de démocratie» dans son bilan pourrait constituer un handicap dans son nouveau mandat, a ajouté l'analyste.
Si Abdelmadjid Tebboune n'a pas évoqué ce dossier, ses rivaux avaient promis pendant leur campagne davantage de droits et libertés politiques et pour les médias. Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD, algérien), des dizaines de personnes liées au Hirak ou à la défense des libertés sont encore emprisonnées ou poursuivies.
Lire également: En Algérie, l’opposition tente d’entretenir l’idée du «Hirak»
Avant le vote, l'ONG Amnesty International a accusé le pouvoir de continuer à «étouffer l'espace civique en maintenant une répression sévère des droits humains», avec des «arrestations arbitraires» et «une tolérance zéro des voix dissidentes».
|