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Date : 27-11-2023 19:32:40
Procès à Genève - Une famille de milliardaires est accusée de traite d’êtres humains :
À la tête d’une fortune comprise entre 7 et 8 milliards de francs, la famille Hinduja est sous le feu des projecteurs. Le père, la mère, le fils et la belle-fille seront prochainement jugés pour traite d’êtres humains par le Tribunal correctionnel genevois. Le Pôle Enquête de la RTS a dévoilé ce lundi le contenu du dossier pénal.
Les milliardaires indo-suisses sont entre autres soupçonnés d’avoir employé des domestiques étrangers sans autorisation de travail, de les avoir fait travailler sans congé, de les avoir sous-payés et d’avoir gardé leurs passeports pour les confiner au domicile, selon les procès-verbaux d’audition. Pour l’heure, ils sont tous présumés innocents.
Le début de l’affaire remonte au 12 avril 2018. À 8 h du matin, la police cantonale et la procureure Gaëlle Van Hove arrivent au domicile familial à Cologny. La police enquête depuis déjà six mois à la suite des révélations d’une «source sûre et confidentielle», explique la RTS.
Trois semaines avant la perquisition, les inspecteurs recueillent le témoignage d’une ancienne employée. Cette Indienne de 50 ans, issue d’une famille pauvre, confie avoir travaillé pour les Hinduja de 2008 à 2016, en Inde puis en Suisse. «Je travaillais tous les jours, sans congé, de 8 h à 23 h, voire plus tard si la famille organisait des réceptions», raconte-t-elle aux enquêteurs, selon les informations recueillies par la RTS. Le tout pour 150 francs par mois.
Le témoignage de cette femme ne serait pas isolé. L’acte d’accusation dressé par le premier procureur Yves Bertossa, qui a repris le dossier après le départ de la procureure Gaëlle Van Hove, fait état de six plaignants. Trois auraient cependant retiré leur plainte à la suite d’un accord financier trouvé avec les Hinduja.
Le magistrat évoque des employés «logés pendant une quinzaine d’années dans l’abri antiatomique, dormant dans les lits superposés» et accuse la famille d’avoir profité de «la situation de dépendance et de déracinement complet dans laquelle vivaient ces employés de maison étrangers en Suisse».
L’une des plaignantes assure, elle, avoir développé des problèmes physiques en raison de «l’immense charge de travail». Elle raconte des journées de 7 h à 23 h 30 sept jours sur sept pour un salaire de 500 francs par mois au maximum.
Contestant d’abord les faits reprochés, les membres de la famille finissent toutefois en 2018 par reconnaître quelques manquements. «Nous reconnaissons avoir violé les conditions de travail et de salaire fixées par le contrat type de travail de l’économie domestique. Nous reconnaissons n’avoir acquitté aucune charge sociale en Suisse, ni n’avoir obtenu aucune autorisation de séjour, ni d’autorisation de travail au regard du droit suisse. Conscients de nos manquements, nous acceptons qu’un montant de 25’000 francs soit versé à chacune des parties plaignantes à titre d’avance sur le montant transactionnel et sur l’indemnité pour les frais de procédure», détaille le dossier pénal.
Les plaignants, qui réclament à eux trois quelque 5,3 millions de francs au titre de dommages et tort moral, devaient se retrouver face à leur ancien employeur la semaine dernière. Le procès a été reporté et aura lieu courant janvier 2024.
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