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Date : 18-12-2023 23:45:07
CARNET NOIR - Mort de Claude Villers, 79 ans, éternel président du Tribunal des Flagrants Délires :
On garde toujours son titre de « président ». Claude Villers, éternelle voix du président du « Tribunal des flagrants délires », l’aura mérité plus que personne. Il est décédé samedi 16 décembre à l’âge de 79 ans.
« Journaliste, auteur, animateur, producteur, il aura exercé dans tous les registres », décrit sur son site France-Inter, radio où il aura passé « plus de quarante années au micro ».
De ces nombreuses années sur la radio de service public, celles de 1980 à 1983 resteront les plus fameuses. Affublé d’une robe de magistrat, il présidait l’émission avec une interview en forme d’interrogatoire. De sa voix à la fois douce et claire, il interrogeait les invités aux côtés de Pierre Desproges qui incarnait le procureur de la République et de Luis Rego qui campait l’avocat de la défense. Avec ses deux complices, il signera quelques-uns des grands moments de l’histoire de la radio en recevant des personnalités aussi diverses que Coluche, Claire Brétécher ou Jean-Marie Le Pen.
Outre celui de président, Claude Villers avait un autre titre, celui du plus jeune journaliste de France. Il avait obtenu sa première carte de presse en 1962, à l’âge de 18 ans. Ce fils d’un père ouvrier masicotier et d’une mère dactylo s’émancipe rapidement de son Pas-de-Calais natal. Il se lance dans le journalisme après avoir déjà vécu plusieurs vies, d’employé de banque à 14 ans à catcheur à 15 ans (il fut surnommé « l’homme au masque de soie »). S’il fait quelques infidélités au service public dans sa longue carrière radiophonique, c’est bien toujours dans la célèbre maison ronde qu’il revient poser ses bagages.
En juillet 1986, ce grand passionné de voyages et d’aventures fonde ainsi la radio Pacific FM.
A France-Inter, il fera également partie de l’aventure du « Pop Club », où il fait équipe avec José Artur, qu’il appelait son « maître en radio ». Ce ne sera que la première d’une série d’émissions, de « Marche ou rêve » jusqu’à « Je vous écris du plus lointain de mes rêves », pour la plupart restées dans les mémoires. Mais il y aura aussi un séjour américain, dans les bureaux de France-Inter à New York, qu’il occupera de 1968 à 1971.
La directrice de France-Inter, Adèle Van Reeth, a salué sa mémoire sur ses réseaux sociaux : « “Le Tribunal des flagrants délires” ? C’était lui. La satire, l’humour, l’intelligence, la voix… C’était lui. »
« L’esprit de France-Inter ? C’était lui ! Claude Villers vient de nous quitter. Nous continuerons à chérir son héritage », a conclu la dirigeante.
Grand admirateur d’Alphonse Allais, Claude Villers est mort dans un centre de convalescence de Mussidan, en Dordogne, où il séjournait après avoir subi plusieurs opérations, selon le quotidien régional. Il vivait non loin à Pessac-sur-Dordogne, en Gironde, précise le journal « Sud-Ouest ».
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