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Date : 02-09-2024 19:02:30
AVIGNON - AFFAIRE DES VIOLS DE MAZAN : Une victime, 51 accusés, quatre mois de procès… L’audience hors norme ouvre ce lundi.
> La cour criminelle du Vaucluse à Avignon juge à partir de ce lundi 51 hommes accusés de viol sur une même femme. Son « compagnon » l’a droguée pendant plus dix ans pour la « donner » à ses complices dans des sévices parfois filmés
Assurément, ces quatre mois de procès promettent une vertigineuse plongée dans l’horreur. Comment et pourquoi Dominique P., un septuagénaire a drogué sa femme pendant près de dix ans avant de la laisser inconsciente être violée par des dizaines d’autres hommes ?
Pourtant, cette affaire hors norme aurait bien pu ne jamais être mise au jour. Il a fallu toute la vigilance d’un agent de sécurité d’un supermarché qui a surpris, en 2020, le principal accusé filmer sous la jupe d’une femme. L’enquête qui a suivi a révélé l’étendue de la perversité de Dominique P. et de ses complices, dont 50 ont pu être identifiés et menés devant la justice. Rappel des faits, victime, accusés… 20 Minutes vous présente et résume cette affaire alors que s’ouvre ce lundi à Avignon le procès de « l’affaire des viols de Mazan ».
>> Rappel des faits
Septembre 2020, dans un supermarché comme la France périurbaine en compte des milliers. Dominique P., alors âgé de 67 ans, est surpris par un vigile en train de filmer sous les robes de clientes. A leur arrivée, les policiers embarquent le suspect et perquisitionnent son domicile, notamment pour analyser son matériel informatique.
C’est alors que les enquêteurs découvrent de nombreux fichiers vidéo montrant des individus se livrer à des actes sexuels sur la femme de l’accusé, manifestement inconsciente. C’est à partir de ces vidéos, dont certaines remontent à 2010, que les policiers parviennent à identifier 50 hommes – une trentaine supplémentaire ne l’ont pas été –, originaires pour l’essentiel des environs de Mazan, petit village provençal situé au pied du mont Ventoux. Dominique P. se livrait également à ses activités criminelles depuis ses maisons de famille de l’Île de Ré et de région parisienne. Il n’a pas été fait à ce stade démonstration de rémunération pour ces « services ».
Techniquement, si l’on peut s’exprimer ainsi, Dominique P. « recrutait » par le site coco.gg, fermé en juin 2024 après de trop nombreuses mises en cause dans des affaires judiciaires. Une fois les rendez-vous organisés, l’accusé droguait sa femme avec de puissants anxiolytiques comme le Xanax ou le Valium, la plongeant, inconsciente, dans un état de soumission chimique.
>> Les profils des accusés
Ils sont donc 51 à figurer dans l’ordonnance de mise en accusation. Paul, Quentin, Patrice, Thierry, Saifeddine, Ludovick, Joseph ou encore Redouan… les prénoms du dossier révèlent un échantillon de la société française. Pour beaucoup, il s’agit de personnes dont on dirait qu’elles sont parfaitement insérées : militaire, pompier ou artisans. Le plus jeune des 44 hommes interpellé a 24 ans, et le plus âgé en a 71.
Dix-huit des 51 accusés comparaissent détenus et devront donc être extraits de leurs cellules chacun des 69 jours d’audiences prévus. L’un des accusés est pour sa part considéré en fuite et est toujours recherché.
>> Une victime principale
La femme du principal accusé a fait face à un réel traumatisme une fois l’affaire révélée et a déménagé depuis. Elle a expliqué aux enquêteurs n’avoir aucun souvenir des viols qu’elle a subi. Son avocat n’a pas répondu à nos sollicitations d’avant l’audience. Il n’est pas exclu qu’un huis clos soit demandé afin de protéger la victime et faciliter son expression.
Parmi les parties civiles se trouve également la fille aînée du couple qui a publié en 2022 Et j’ai cessé de t’appeler papa, un livre témoignage aux éditions Lattès.
>> Un procès hors norme
Un temps, la location du Parc des Expositions d’Avignon a été envisagée pour la bonne tenue du procès où sont attendus, en plus des accusés, une soixantaine d’avocats et sans doute autant de journalistes issus de 36 médias, télévisions, agences de presse, journaux, radios.
Mais celui-ci se déroulera finalement au tribunal judiciaire d’Avignon qui a connu d’importants travaux pour l’occasion. Le box des accusés a été sensiblement agrandi. Une seconde salle d’audience a, elle, été aménagée pour la retransmission des débats pour la presse et le public. L’accusation repose sur trente-et-un tomes de procédures. D’après le calendrier prévisionnel, les accusés ont été divisés en huit groupes afin de faciliter le déroulement de l’audience. La cour d’assises a également prévu un mois de plaidoiries et quatre jours pour délibérer sur chacun des 51 accusés, avec des verdicts attendus le matin du 13 décembre.
>> La naissance d’un monstre ?
Dominique P. fera donc face à partir de ce lundi à la justice pour cette décennie de sévices infligés à sa femme. Mais l’homme est par ailleurs mis en examen depuis janvier 2023 dans une tout autre affaire bien plus ancienne.
Les faits remontent à décembre 1991 en région parisienne, où habitait alors le principal accusé de l’affaire des viols de Mazan. Ils portent sur le viol puis l’assassinat d’une jeune femme qui avait été soumise chimiquement avec de l’éther. Une affaire pour laquelle un juge d’instruction de Nanterre a mis en examen le septuagénaire. Le même juge a également décidé de le poursuivre pour une tentative de viol commis à la même époque dans une ville voisine.
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