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çà s'est passé .....
Auteur : Mel_C  
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Date :    25-09-2024 23:42:59


25 septembre 1555 : Paix d'Augsbourg entre catholiques et protestants

La paix signée à Augsbourg le 25 septembre 1555 (certaines sources donnent le 3 octobre 1555) consacre la division religieuse de l'Allemagne entre catholiques et luthériens. Aujourd'hui encore, le pays compte à peu près autant de catholiques que de protestants.

>>> Une paix précaire

Pendant deux décennies, l'empereur Charles Quint, bon catholique, s'est efforcé de contenir en Allemagne les progrès de la doctrine de Luther.

Dès 1531, les princes luthériens se sont unis dans une Ligue dite de Smalkalde et ont cherché des appuis auprès de François Ier, le roi de France n'hésitant pas lui-même à s'allier aux Turcs et aux Barbaresques pour contrer l'empereur.

Charles Quint doit combattre sur plusieurs fronts, contre les Turcs qui menacent Vienne, contre les Barbaresques de Tunis et d'Alger qui saccagent les côtes italiennes, et contre les protestants allemands. À ces derniers, faute de mieux, il concède la paix religieuse de Nuremberg le 23 juin 1532.

Après la paix de Crépy-en-Laonnois conclue en 1544 avec François Ier, l'empereur décide d'en finir avec la ligue. Il met au ban de l'Empire ses deux chefs, l'Électeur Jean-Frédéric de Saxe et le landgrave de Hesse. Après une victoire des troupes impériales à Mühlberg, en Saxe, le 24 avril 1547, le landgrave fait sa soumission tandis que l'Électeur est déposé et remplacé par son rival Maurice de Saxe.

Cependant, les menaces d'une intervention française en Lorraine et d'une intervention turque en Hongrie obligent une nouvelle fois l'empereur à composer...

>>> Cessez-le-feu

Vieilli et amer, Charles Quint autorise son frère Ferdinand à signer la trêve de Passau en 1552. Puis il lui demande de convoquer une Diète à Augsbourg, en Bavière, pour tenter de mettre enfin un terme à la guerre civile et religieuse.

Hans Bocksberger der Ältere, L'empereur Ferdinand Ier, entre 1550 et 1555, Vienne, Kunsthistorisches Museum. Agrandissement : Première page du document publiant la Paix d'Augsbourg. Mayence, 1555.Au terme de plusieurs mois de négociations, Ferdinand concède aux princes allemands, par le recès d'Augsbourg, le libre choix de leur religion, catholique ou luthérienne. Il leur donne en prime le droit d'imposer leur religion à leurs sujets selon l'adage de l'époque : cujus regio, ejus religio (« tel prince, telle religion »). Seules les villes dépendant directement de l'empereur bénéficient de la tolérance religieuse.

Une exception importante concerne les principautés ecclésiastiques gouvernées par un évêque. Ce dernier, s'il se convertit au luthérianisme, ne peut contraindre ses sujets catholiques à se convertir ou émigrer. Réciproquement, les habitants de ces principautés ont le droit de suivre la foi de Luther. D'autre part, les protestants autres que luthériens (calvinistes, anabaptistes, zwingliens) sont exclus du compromis d'Augsbourg.

Lourd de sous-entendus et de non-dits, le compromis instaure une paix précaire. Charles Quint, qui y voit un échec personnel, abdique un mois plus tard et transmet à son frère Ferdinand la dignité impériale. Les rapports entre les communautés religieuses se tendent au point de susciter à la génération suivante une atroce guerre de Trente Ans.

Cette guerre s'achèvera en 1648 par les traités de Westphalie après que le quart ou le tiers de la population allemande aura trépassé de mort violente. C'est alors seulement que s'installera la paix religieuse.
Auteur : Mel_C  
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Date :    26-09-2024 00:04:00


26 septembre 1799 : À Zurich, Masséna sauve la France de l'invasion

Le 26 septembre 1799, les Français du général Masséna remportent une victoire décisive sur les forces austro-russes à Zurich... ou plus précisément à Dietikon, une localité voisine.

>>> La deuxième coalition contre la France

Le Directoire avait pu mettre fin à la première coalition européenne contre la République française grâce aux victoires du général Bonaparte et à la signature avec l'Autriche du traité de Campoformio, le 18 octobre 1797. Mais la Grande-Bretagne, dirigée de main ferme par le Premier ministre William Pitt et son ministre des Affaires étrangères Grenville, ne s'était jamais résignée à faire la paix. Bonaparte eut l'idée quelque peu saugrenue de l'attaquer sur son flanc en débarquant en Égypte.

Mais pendant qu'il s'épuisait entre le Nil et l'Oronte, Londres prit prétexte de troubles à Rome, sous occupation française, pour nouer une nouvelle coalition en décembre 1798 avec l’Autriche, avide de revanche, mais aussi la Russie, l’empire ottoman et le double royaume de Sicile et de Naples. Seules se tinrent à l'écart l'Espagne et la Prusse. Les jeunes États-Unis eux-mêmes furent très partagés sur l'opportunité d'intervenir contre leur ancienne alliée. La faute aux maladresses du Directoire (politique expansioniste et antireligieuse, appui déclaré aux mouvements révolutionnaires).

Mais les Français vont réagir avec vigueur.

>>> Les Français résistent au Nord...

Sur le front du Nord, l'armée de Hollande est placée sous le commandement du général Brune, qui vient de conquérir la Suisse. Elle a mission de repousser le corps expéditionnaire anglo-autrichien qui vient de débarquer en République Batave (la Hollande) sous les ordres du duc d'York. Les alliés ont l'avantage numérique mais ils manquent de détermination. Contre ces forces désunies, Brune prend l'initiative et remporte les victoires de Bergen (17 septembre) et Castricum (6 octobre).

Selon le jugement de Napoléon, « Brune fut à juste titre proclamé le sauveur de la République Batave. Les Romains lui eussent décerné les honneurs du triomphe. En sauvant la Hollande, il a sauvé la France de l'invasion ».

>>> ... et cèdent au Sud

En Italie, les armées françaises conduites par Bonaparte ont créé des « républiques-soeurs », les Républiques ligure et cisalpine puis les Républiques romaine et parthénopéenne. Mais les « jacobini » qui tiennent ces républiques ne tardent pas à perdre l'initiative. L'armée française du général Championnet doit en juin 1799 refluer vers les Alpes.

Le général russe Souvarov et ses cosaques, aventurés pour la première fois en Europe occidentale, profitent de cette débandade pour pulvériser en Italie du Nord les armées de Moreau, Macdonald et Joubert au cours d'une campagne irrésistible pendant l'été 1799. Fin août, Souvarov n'attend plus qu'un ordre pour passer les Alpes et déboucher en Provence sur les talons de Suchet. L'invasion de la France est imminente.

>>> La Suisse au coeur du conflit

Le sort de la Révolution française va se jouer en Suisse où les Français tentent tant bien que mal de maintenir la République Helvétique instituée un an plus tôt, le 22 mars 1798.

Durant l'été 1799, le général Masséna dispose ses forces (75 000 hommes) de Bâle au col du Saint-Gothard. Il charge le général Lecourbe de tenir les cols des Alpes contre les Autrichiens. En face de lui, en Thurgovie et Glaris, l'armée de l'archiduc Charles se renforce d'un contingent russe commandé par Korsakov. Le général autrichien Hotze tient la Linth au Sud.

Début septembre, l'archiduc Charles reçoit l'ordre de marcher sur le Rhin inférieur pour secourir l'armée du duc d'York.

Dans le même temps, le Conseil aulique - ainsi appelle-t-on l'état-major autrichien de Vienne - ordonne à Souvarov de remonter du Piémont italien vers le Tessin et de renoncer provisoirement à l'invasion de la France. Ses raisons demeurent obscures - soit ineptie, soit pression des Anglo-Autrichiens pour secourir leurs forces en difficulté en Hollande, soit encore manoeuvre visant à empêcher que le tsar puisse obtenir en cas de succès une influence indésirable dans les affaires d'Europe occidentale.

Tandis que l'archiduc Charles prend la route du Rhin, Souvarov emprunte le col du Saint-Gothard (2108 m) pour rejoindre ses partenaires près du lac de Zurich. Mais Lecourbe l'attend de pied ferme, rendant sa progression difficile.

Masséna et ses généraux profitent du retrait de l'archiduc Charles qui enlève aux alliés 20 000 hommes soit le quart de leurs effectifs.

Le 25 septembre, le général Oudinot franchit la Limmat près d'un cloître de religieuses, à Würenlos. Appuyé par le général Mortier sur la rive gauche, il culbute l'armée du général Korsakov près du village de Dietikon, dans les environs de Zurich.

Pendant ce temps, le général Soult bouscule les positions de Hotze. Ce dernier meurt sur le champ de bataille.

« Souvorof, qui croyait déboucher en Suisse dans le flanc d'un ennemi attaqué de tous côtés, allait trouver au contraire tous ses lieutenants dispersés et s'engager au milieu d'une armée victorieuse de toutes parts » (Adolphe Thiers).

L'armée française d'Helvétie, du Danube et du Rhin met ainsi 30 000 ennemis hors de combat et en perd seulement quelques milliers. La République helvétique est sauvée même si l'agitation y reste endémique. Le tsar Paul Ier se retire de la coalition et menace de renverser son alliance.

>>> Le Directoire en sursis

Avec la victoire de Zurich (ou Dietikon), la France échappe une nouvelle fois à l'invasion. Le gouvernement du Directoire, à bout de souffle, est sauvé. Mais à Paris se développe une vive agitation politique et les royalistes croient enfin venue l'heure d'une restauration de la monarchie.

Deux semaines plus tard, le 8 octobre, le général Bonaparte débarque à Fréjus à bord de la frégate Junon en vue d'un coup d'État destiné à « sauver » ce qui reste de la Révolution.
Auteur : Mel_C  
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Date :    26-09-2024 00:04:55


............... et aussi ..................................

26 septembre 1688 : Le sac du Palatinat

Le 26 septembre 1688, le Grand Dauphin, fils aîné du roi Louis XIV, traverse le Rhin et investit la forteresse de Philippsburg. C'est le début de la guerre de Neuf Ans qui va opposer la France du Roi-Soleil à une coalition européenne, la Ligue d'Augsbourg.

En moins de deux mois, les armées françaises occupent toute la principauté du Palatinat (Rheinpfalz en allemand, ou Comté palatinat du Rhin, ainsi dénommée parce qu'elle est gouvernée par un prince administrateur du palais impérial). Très vite, en réaction à la menace que fait peser la Ligue d'Augsbourg, elles entreprennent de dévaster le pays sous le commandement du maréchal de Duras, quinze ans après une première « pacification » par Turenne. Il s'agit officiellement de financer la guerre par une « mise à contribution » des régions envahies.

Mais le secrétaire d'État de la guerre Louvois ne s'en tient pas là. Pour freiner l'avance des troupes ennemies et couvrir l'Alsace, il ordonne la mise à sac systématique du Palatinat. Entre le Rhin et le Neckar, des dizaines de villages et de villes sont brûlés et les édifices en pierres détruits jusqu'aux fondations par les artificiers militaires. À Mannheim, il ne reste plus « pierre sur pierre » selon les ordres de Louvois... Les habitants sont parfois massacrés, le plus souvent chassés vers l'Alsace sans espoir de retour.

Ces exactions soulèvent une vague de réprobation en Europe. En Allemagne même, elles concourent à la naissance d'un sentiment national. C'est par haine des Français que les Allemands, divisés entre de multiples principautés, prennent conscience de leur commune identité (comme les Français, par haine des Anglais, pendant la guerre de Cent Ans, deux siècles plus tôt).

À Heidelberg, première capitale du Palatinat, les ruines du château, brûlé comme le reste de la ville en 1689 puis une deuxième fois en 1693, font figure de lieu de mémoire.

Le sac du Palatinat eut été considéré de nos jours comme crime de guerre. C'est, avec la révocation de l'Édit de Nantes, la principale tache sur le règne de Louis XIV. D'autres reprendront ces douteuses pratiques, tel le duc de Marlborough en Bavière en 1704 ou encore le tsar Pierre le Grand en 1707 en Pologne et Lituanie.
Auteur : Mel_C  
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Date :    27-09-2024 21:46:48


27 septembre 1748 : Abolition des galères

Le 27 septembre 1748, une ordonnance du roi Louis XV abolit l'institution des galères et incorpore ces dernières dans la marine royale. Les forçats sont désormais internés dans des prisons côtières ou dans des navires hors service, notamment à Toulon, dans ce qui sera le bagne.

>>> Résurgence du travail forcé sur les navires

C'est à Jacques Coeur, marchand et Grand Argentier du roi, que revint l'idée de recruter de force des rameurs à l'image de ce qui se faisait déjà sous l'Antiquité romaine. Comme il faisait face à une pénurie d’embauche de marins qui menaçait son négoce, il proposa à Charles VII de procéder à des enrôlements de force et lui demanda d’autoriser l’utilisation des « méchantes gens » responsables de l’insécurité dans les villes, en tant que mariniers-avironneurs.

Le 22 janvier 1443, Charles VII, convaincu, se décida à suivre les conseils de son Argentier et lui accorda le « privilège » d’enrôler par tous les moyens, y compris la force, et à condition de leur fournir une convenable rémunération, les « personnes oyseuses, vagabondes et autres caïmans » qui troublaient l’ordre et la paix des cités du littoral. Ainsi Jacques Cœur venait-il de fonder les bases de ce vieux bagne, de cette institution qui plus tard, et durant des siècles, porterait le nom infamant de « galères ».

Les condamnés étaient enchaînés à leur banc. À leurs côtés, les engagés volontaires n'étaient pas enchaînés. Quand la galère coulait, ceux-ci pouvaient tenter de survivre si, du moins, ils savaient nager... Les condamnés quant à eux coulaient avec l'épave. Les uns et les autres formaient... la chiourme.
Auteur : Mel_C  
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Date :    27-09-2024 21:47:36


27 septembre 1822 : Champollion révèle le secret des hiéroglyphes

Le 27 septembre 1822, à Paris, Jean-François Champollion (32 ans) expose devant l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ses découvertes relatives aux hiéroglyphes. Deux semaines plus tôt, au terme de recherches harassantes qui ont beaucoup affecté sa santé, il est arrivé en effet à déchiffrer l'écriture des anciens Égyptiens.

>>> Rivalité franco-britannique :

Né à Figeac, dans le département du Lot, ce surdoué apprend très tôt de nombreuses langues anciennes et, poussé par la nécessité, devient professeur d'histoire. Il se passionne bientôt pour la civilisation des pharaons, mise à la mode par l'expédition en Égypte de Bonaparte, en 1798-1799.

En 1799, des soldats français découvrent à Rosette, dans le delta du Nil, une pierre noire gravée de trois textes dont l'un en grec ancien, un autre en démotique, une écriture égyptienne tardive, et le troisième en hiéroglyphes.

Jean-François Champollion (1790-1832)La pierre est embarquée sur un navire à destination de la France mais les Anglais l'interceptent et la transportent à Londres, au British Museum. Elle va dès lors exciter la curiosité des savants, en particulier du jeune Champollion et d'un Anglais de quinze ans son aîné, Thomas Young. Young déchiffre la version démotique et découvre que les cartouches en hiéroglyphes contiennent les noms de divers pharaons.

Jean-François va plus loin. Il observe que le texte hiéroglyphique contient trois fois plus de signes que le texte grec ne compte de mots. Il en déduit que les hiéroglyphes (on en recense environ 5 000) ne sont pas seulement des idéogrammes, contrairement aux préjugés ambiants. Ils peuvent aussi dans un même texte servir de signe phonétique comme nos lettres de l'alphabet.

C'est ainsi qu'il déchiffre les noms de Cléopâtre, Ramsès et Thoutmosis le 14 septembre 1822. L'émotion le fait alors sombrer dans un état d'inconscience. Il révèle un peu plus tard sa découverte dans une lettre à l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres.
Auteur : Mel_C  
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Date :    28-09-2024 18:52:38


28 septembre 1905 : Einstein découvre la relativité

Le 28 septembre 1905, la revue allemande Annalen der Physik publie un article sur une mystérieuse théorie de la relativité, ultérieurement qualifiée de « théorie de la relativité restreinte ». L'auteur est un scientifique de 25 ans qui signe Albert Einstein et n'a même pas encore son doctorat ! Il va en quelques années chambouler la physique classique héritée d'Isaac Newton et ouvrir un champ immense à la science...
Auteur : Mel_C  
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Date :    28-09-2024 18:53:41


28 septembre 1956 : Les kilowatts de Marcoule

À l’origine des Trente Glorieuses : des savants, des ingénieurs et une grande continuité dans l’appui des politiques malgré l’instabilité gouvernementale.

>>> La France maîtrise l'atome :

C’est par un simple communiqué conjoint du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et d’EDF que les Français l’apprendront : le 28 septembre 1956, pour la première fois en Europe continentale de l’Ouest, ils ont produit de l’électricité d’origine nucléaire. La première étape avait eu lieu le 7 janvier lorsque G1, la pile atomique construite à Marcoule dans le Gard, avait « divergé » c’est-à-dire lorsque, chargée d’uranium, elle avait produit sa première réaction nucléaire. Depuis lors, le réacteur était monté en puissance pour dégager une chaleur suffisante pour faire tourner un générateur d’EDF. C’était l’aboutissement d’une aventure scientifique qui faisait entrer la France dans une ère nouvelle.

La France avait joué un rôle de pionnier dans l'histoire de l’atome. Pierre et Marie Curie puis sa fille Irène, mariée à Frédéric Joliot, tous deux prix Nobel de chimie en 1935, avaient par leurs découvertes jeté les bases de cette nouvelle technologie. Les premiers brevets nucléaires français étaient déposés en 1939.

Très vite, les possibilités de l’atome, aussi bien thérapeutiques (la radiothérapie), énergétiques que militaires avaient été pressenties. Lorsque la guerre a éclaté, en 1940, la France a acquis en Norvège un stock d’eau lourde, substance qui pourrait être utilisée à la fabrication d’une bombe ou d’un moteur atomique pour les sous-marins. Tout s’arrête en juin 1940 avec l’invasion allemande.

Lorsque le Général de Gaulle embarque le 15 juin pour l’Angleterre, il rapporte dans ses mémoires de guerre que son navire transportait une précieuse cargaison : les stocks d’eau lourde de la France. En fait, il se trompe. Ce liquide destiné à ralentir la réaction nucléaire avait été embarqué à Bordeaux à destination de l’Angleterre avec quelques savants français.

Désormais l’aventure atomique se poursuivrait en terre anglo-saxonne, au Royaume Uni, au Canada et, bien sûr, aux Etats-Unis, où elle allait aboutir un matin de juillet 1945, quelque part dans le désert du nouveau Mexique, à l’explosion de la première bombe nucléaire.

La France, en pointe à la veille du conflit, avait vu se réaliser sans elle la maîtrise de la réaction nucléaire. Frédéric Joliot-Curie qui dirigeait le laboratoire du Collège de France avait refusé de partir en Angleterre. Il refusera d’apporter son concours aux Allemands, eux aussi engagés dans la course à l’atome. Une poignée de ses collaborateurs, comme Bertrand Goldsmith, auteur des Pionniers de l’atome (Stock) partiront et participeront à l’effort de guerre allié. A leur retour, ils permettront à la France libérée de revenir dansla course.

Le Général de Gaulle avait, comme beaucoup, été frappé de stupeur par l’efficacité redoutable de l’arme atomique dont deux exemplaires avaient suffit à mettre le Japon hors de combat. « Je dois dire que la révélation des effroyables engins m’émeut jusqu’au fond de l’âme » écrira-t-il dans ses mémoires. L’explosion d’Hiroshima avait eu lieu le 6 août 1945. Le 18 octobre de la même année le Général créait le Commissariat à l’énergie atomique. Frédéric Joliot-Curie prenait la responsabilité scientifique du nouvel organisme tandis que Raoul Dautry, ancien ministre du ravitaillement et de l’effort de guerre de Daladier en prenait la direction administrative et financière. Les équipes de 1939 étaient reconstituées.

Quels étaient alors les vrais buts de la France ? Officiellement, il s’agissait de domestiquer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques. A partir de 1948, année de la mise en route de la première pile atomique française « Zoé » dans un laboratoire à Châtillon, la guerre froide fait rage. Frédéric Joliot-Curie est entré au parti communiste dans la résistance. Pour lui, il est hors de question de participer à la construction d’une arme qui pourrait être utilisée contre « la patrie des travailleurs », l’URSS. De toute façon la France n’a aucun intérêt à révéler qu’elle cherche « la bombe » et, pour elle, la personnalité de Frédéric Joliot-Curie est une caution de ses bonnes intentions.

Au demeurant l’opinion publique croit aux vertus pacifiques de l’atome sur lesquelles elle fonde de grands espoirs. Persuadés qu’il fournira une énergie bon marché inépuisable, les « écolos » d’alors mettent en avant les promesses du nucléaire civilpour combattre les projets de construction de barrages hydro-électriques. Frédéric Joliot-Curie devra les détromper et leur faire comprendre que l’énergie nucléaire, cen’est pas pour tout de suite. Même le premier réacteur de Marcoule mis en route en cette année 1956 consommera davantage d’électricité qu’il n’en produira.

En réalité, l’objectif français est double et d’abord militaire. Il le deviendra de plus en plus à mesure des progrès de la recherche. Le général de Gaulle, trop amer de ne pas avoir pu convaincre les politiques avant guerre de doter la France d’un corps de bataille cuirassé ne veut pas rater cette nouvelle révolution dans la stratégie militaire. Nul doute qu’il pense à la bombelorsqu’il crée le commissariat à l’énergie atomique.

La particularité de la technologique utilisée à cette époque pour produire de l’électricité, de l’uranium non enrichi, du graphite et du gaz, est de générer un sous-produit directement utilisable à la fabricationdes bombes : le plutonium.

EDF, en rivalité avec le CEA, n’est pas forcément convaincue des avantages compétitifs de l’atome.Si l’établissement public veut être dansle coup, c’est plus à titre expérimental que dans un but vraiment industriel. En 1955, au moment où l’on construisait Marcoule, le directeur général d’EDF, Roger Gaspard, déclarait qu’il n’était pas question pour son entreprise de jouer les mécènes à l’égard du CEA. « Le CEA visait le prix Nobel, EDF le prix du kilowattheure » expliquera-t-il plus tard.

Un mois après la mise en route de Marcoule, les Français trouvaient du pétrole dans le Sahara. Celui-ci allait rester très bon marché jusqu’à la guerre du Kippour. Des années plus tard, en 1969, l’un de ses successeurs, Marcel Boiteux, n’acceptait que ses ingénieurs participent à la construction de centrales nucléaires que « comme gymnastique en attendant que l’atome devienne compétitif » (voir le livre de Lionel Taccoen, « Le pari nucléaire français » aux éditions L’Harmattan). Il a fallu attendre l’embargo de 1973 et le plan Messmer de 1974 pour que la France se dote des 58 réacteurs qui assureront son indépendance énergétique. Elle le fera en adoptant une technologie américaine mise au point par Westinghouse.

C’est donc les applications militaires qui prendront le pas sur les applications civiles et l’électricité qui deviendra un sous-produit du plutonium. En 1950, Frédéric Joliot-Curie sera renvoyé du CEA pour ses déclarations prosoviétiques et Raoul Dautry décèdera un an plus tard. « C’est alors que deux hommes providentiels apparurent dans notre ciel obscurci » racontera plus tard Bertrand Goldsmith : Félix Gaillard, nommé secrétaire d’État à la présidence du conseil et Pierre Guillaumat, qui prendra la tête du CEA. Le premier, fervent défenseur de l’atome dans tous les gouvernements obtiendra les moyens financiers nécessaires à la poursuite des programmes. Le plan Gaillard, prévoyant la construction de deux réacteurs à Marcoule fut présenté en 1952 au Parlement par le gouvernement Pinay. Un amendement communiste visant à interdire l’utilisation du plutonium à des fins militaires fut rejeté, y compris par les socialistes. En 1958, dernier président du conseil de la IVème république, Félix Gaillard donnait les ordres pour que les premiers essais d’une bombe atomique ait lieu au Sahara en 1960. Pierre Guillaumat, devenu ministre des Armées du général de Gaulle exécutera le programme.

L’aventure du CEA illustre la recette qui allait permettre à la France d’après guerre de redevenir une puissance économique et militaire : planification, continuité de la collaboration entre les ingénieurs, les scientifiques et les politiques pour la plupart issus de la résistance et soucieux de reconquérir l’indépendance. Même si ils ne l’avouent guère, des hommes de gauche comme Mendes France et Guy Mollet ont soutenu l’effort nucléaire français. L’humiliation de la conférence de Genève qui mit fin en 1954 à la guerre d’Indochine et le piteux retrait de Suez en cette même année 1956 rendait ce choix de la bombe inévitable. Comme plus tard le chantage à l’embargo pétrolier allait conduire le pays à se doter d’une industrie nucléaire civile performante pour maîtriser la totalité du cycle du combustible. Ce sont ces choix faits depuis 1945 qui conduisent la France d’aujourd’hui à accueillir le prototype de réacteur à fusion nucléaire Iter à Cadarache. Et c’est la nostalgie de ces années de croissance et de plein emploi qui amène le gouvernement à relancer des grands projets industriels et scientifiques autour des pôles de compétitivité. Reste à restaurer l’enseignement universitaire scientifique car tout a commencé dans les laboratoires.
Auteur : Mel_C  
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Date :    28-09-2024 18:55:46


28 septembre 1958 : Référendum sur la Constitution de la Ve République

Le 28 septembre 1958, les Français votent par référendum pour une nouvelle Constitution.

Par leur vote, ils entérinent le retour du général Charles de Gaulle au pouvoir, avec l'espoir d'en finir avec l'instabilité ministérielle caractéristique de la IVe République et surtout la guerre d'Algérie... Celle-ci allait pourtant durer quatre longues années supplémentaires avant de se terminer sur une rupture douloureuse.

>>> Une Constitution sur mesure :

Fortement inspiré par le général de Gaulle, le projet de Constitution est rédigé en deux mois par un Comité consultatif constitutionnel de 39 membres, sous l'autorité de Michel Debré, garde des sceaux. Il est approuvé par près de 80% des votants métropolitains (avec 15% d'abstentions).

Le même jour, les possessions françaises d'outre-mer (les colonies) approuvent également par référendum leur intégration dans une Communauté française, préalable à leur indépendance. Seule, la Guinée rejette la Communauté. Elle devient ipso facto indépendante (abandonnée du jour au lendemain par les administrateurs français, l'ancienne colonie va sombrer dans l'anarchie et l'horreur sous la férule de Sékou Touré).

Conformément à la nouvelle Constitution, un collège électoral composé des parlementaires et d'autres élus se réunit le 21 décembre et, sans surprise, élit Charles de Gaulle à la présidence de la République.

Le nouveau président est investi officiellement dans ses fonctions par son prédécesseur, René Coty, le 8 janvier de l'année suivante. Il nomme aussitôt le fidèle Michel Debré au poste de Premier ministre. De ce jour date la naissance de la Ve République.

>>> Entêtement gaullien :

La nouvelle Constitution met fin à l'instabilité gouvernementale qui caractérisait le régime de la IVe République, issu de la Libération. Au moins en apparence, elle fait de la Ve République naissante un régime semi-présidentiel.

La nouvelle Constitution confie le pouvoir législatif à deux chambres, l'Assemblée nationale et le Sénat qui, ensemble, composent le Parlement.

Le président nomme le Premier ministre et, sur proposition de celui-ci, les autres membres du gouvernement. Le Premier ministre doit engager sa responsabilité devant l'Assemblée nationale. Lorsque celle-ci la lui refuse par une motion de censure ou en d'autres circonstances qui le justifient, le président est en droit de dissoudre l'Assemblée nationale (il ne peut renouveler la dissolution dans l'année qui suit).

• Le président peut prendre l'initiative d'un référendum concernant l'organisation des pouvoirs publics.

• En vertu de l'article 16, il peut même exercer tous les pouvoirs « lorsque les institutions de la République, l'indépendance de la nation, l'intégrité du territoire » sont menacés.

Un Conseil constitutionnel de 9 membres, sorte de Cour suprême à l'américaine, est garant de la constitutionnalité des lois.

Notons que la Constitution ne dit rien du mode d'élection des députés. Le général de Gaulle avait ouvertement rejeté la proposition de Michel Debré de graver dans le texte le principe de l'élection au suffrage uninominal majoritaire à deux tours. Il avait considéré que le mode d'élection (scrutin majoritaire uninominal ou scrutin de liste à la proportionnelle) devait pouvoir être adapté aux circonstances.

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