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Date : 17-08-2024 21:00:47
17 août 1220 : Création de la faculté de médecine de Montpellier :
La faculté de médecine de Montpellier est sans doute la plus ancienne école universitaire de médecine au monde encore en activité. Elle est née officiellement le 17 août 1220, quand le cardinal Conrad d'Urach, légat apostolique du pape Honorius III, concéda à l'« universitas medicorum » ses premiers statuts et rassembla ainsi les écoles médicales montpelliéraines en communauté. Ces écoles avaient été créées de façon informelle dans les décennies antérieures par des marchands languedociens riches de leurs connaissances en phytothérapie et médecine acquises lors de leurs voyages en Orient.
Au croisement des civilisations orientales et occidentales, la faculté de médecine de Montpellier allait se développer grâce au partage des cultures médicales arabes, juives et chrétiennes, en bénéficiant aussi de ce que dans la ville, juifs et chrétiens traduisaient « à quatre mains », en hébreu puis en latin, les manuscrits de l'Antiquité.
> « Jadis, Hippocrate était de Cos, maintenant il est de Montpellier »
Dès 1181, une bonne partie de la population montpelliéraine s'était vue octroyer le droit d’exercer et d’enseigner la médecine. Ces thérapeutes étaient souvent des marchands qui avaient appris au Levant les secrets des herbes médicinales et s'étaient reconvertis dans la médecine libérale. Ils pratiquaient leur art de quartier en quartier, de ville en ville, accompagnés d'élèves avides d'apprendre.
Mais face à une pratique sans cadre ni règle, la nécessité de garantir et d’organiser le savoir devient impérieuse. En 1220, le statut d’Universitas medicorum est donc concédé par le légat apostolique Conrad d’Urach. Le 26 octobre 1289, Nicolas IV adresse, depuis Rome, la constitution apostolique « Quia Sapientia », dans laquelle la Sagesse, au sens médiéval du terme, est exaltée : le savoir est ordonné à des fins spirituelles, au service du beau et du vrai.
Les débuts de l’école de médecine sont plus que prometteurs et les voyageurs de passage célèbrent, dans leur correspondance épistolaire, la qualité de l’enseignement aussi bien que le sérieux des médecins. La devise de la faculté en est l’expression : Olim Cous nunc Monspeliensis Hippocrates (« Jadis, Hippocrate était de Cos, maintenant il est de Montpellier »). Rien que ça !
Les cours ont lieu aux domiciles des régents, au cœur de l’Écusson. L'enseignement consiste à lire, commenter et débattre - parfois assez librement - de textes médicaux grecs et arabes classiques. Les étudiants ont le libre choix de l'enseignant et passent l’examen au moment où ils se sentent suffisamment qualifiés.
Alors que l’université se place au cœur d’un système international de relations, l’année 1340 marque un tournant. Le prestigieux cours d’anatomie est créé. Montpellier fait alors partie des universités associant théorie et pratique, revendiquant son savoir hérité du passé et bénéficiant de la présence de maîtres illustres, comme Arnaud de Villeneuve ou Guy de Chauliac.
La cité devient l’équivalent français de Bologne ou de Padoue, aussi bien dans la renommée de son école de médecine que par sa puissance commerciale.
Établie de la Révolution à nos jours dans l'ancienne résidence des archevêques, près de la cathédrale, la faculté de médecine réunit aujourd'hui dans ce magnifique bâtiment ses magnifiques collections, ouvertes à la visite : 11 000 pièces anatomiques, plusieurs centaines de manuscrits médiévaux, des centaines d’incunables et post-incunables, 100 000 volumes imprimés dans tous les domaines du savoir, 1 000 dessins originaux de maîtres (Rubens, Titien, Tintoret, Fragonard...), l’un des plus vieux herbiers de France. À cela s'ajoute le somptueux Jardin des plantes élaboré sous l’impulsion d’Henri IV (1593) à deux pas de la faculté.
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